Portrait de Marina Tsvétaïeva.
Image, G.AdC
« J’aimerais vivre avec Vous –
Dans une petite ville
Aux crépuscules éternels,
Aux éternelles cloches –
Avec la sonnerie délicate
D’une horloge ancienne – les gouttes du temps –
Dans une auberge de campagne.
Et le soir, quelquefois, d’une mansarde à l’autre –
Une flûte,
Et le flûtiste à la fenêtre.
Et de grandes tulipes aux fenêtres.
Vous ne m’aimeriez, peut-être, même pas. »
Marina Tsvétaïeva, Pour Akhmatova, in L’Offense lyrique & autres poèmes, Editions Farrago/Editions Leo Scheer, 2004, page 119. Texte français : Henri Deluy.
« Rivale, un jour je te viendrai ;
La nuit plutôt, au clair de lune,
Quand dans l’étang crie le crapaud,
Et quand délire la pitié.
Et attendrie par le battement
Jaloux de tes paupières,
Je te dirai : je ne suis pas,
Je suis un songe et tu me rêves.
Et je dirai- console-moi,
Mon cœur blessé se tord,
Et je dirai-le vent est frais,
Le ciel brûle d’étoiles. »
8 septembre 1916
Marina Tsvétaïeva
Linda Lê, Marina Tsvétaïeva. Comment ça va la vie ?, jeanmichelplace/poésie, 2002, page 45.
Madeleine
« Je ne scruterai pas tes voies,
Mon aimée: tout s’est accompli.
J'étais nu-pieds, tu me chaussas
De cheveux et de larmes,
De leur pluie.
Je ne demande pas combien
T'aura coûté cette huile.
J'étais nu - alors tu m'as ceint
Des vagues de ton corps,
Comme une île.
Plus légers que l'herbe mes doigts
Vont effleurer ta nudité.
Tu m'appris - moi qui étais droit -
La tendre inclinaison, en tombant à mes pieds.
Dans tes cheveux laisse-moi m’enfouir,
De lin ne m'enveloppe pas trop.
Myrrhophore, à quoi bon la myrrhe?
Tu me baignes toi-même,
Telle un flot. »
(31 août 1923)
Marina Tsvétaïeva, Poèmes (traduction d’Henri Abril), Editions Librairie du Globe, 1993, page 153.
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