Portrait d’Hélène Cixous.
Image, G.AdC
« L’Écriture est Dieu. Mais ce n’est pas le tien. »
Hélène Cixous, La Venue à l’écriture, Collection 10/18, 1977, page 19.
« Je regarde l’étoile à six branches, le visage sans traits les yeux la bouche l’expression retirés derrière le voile qui peut-être fut blanc comme le mur des méditations. Comme elle est petite et lointaine dans l’immense paysage mouvementé de siècles à paroles. Petite, pétrifiée, rapetissée comme la mère, qui était la géante la sainte la déesse quand j’étais petite, devient amenuisée au rabot des ans. Je regarde l’étoile à travers le treillis de grilles écrites les unes derrière les autres, la toile impénétrable et transparente d’une araignée qui a retissé trois cent cinquante fois son tapis.
Version renversante de la légende d’Ulysse-et-Pénélope. Ici c’est un Ulysse qui tisse sur place la tapisserie sous laquelle une Pénélope revient peu à peu jusqu’au stade du ver à soie. Il garde ainsi au secret de lui-même tous les secrets de toutes les histoires dans les branches attachées horizontalement les unes aux autres en un apprêt de fête des couleurs composent l’Histoire de l’Occident. Sur un plan je parcours toute l’histoire de la philosophie, sur un plan je parcours l’histoire du rêve chez les juifs et les chrétiens, sur un plan je parcours les livres de l’esthétique, sur un plan je parcours toute l’histoire de Loyola, sur un plan j’écris les dates qui correspondent à des journées spéciales de mon histoire, et tous ces plans sont logés sur le même plan.
Un seul plan d’une épaisseur infinitésimale donc infinie. »
Hélène Cixous, Le Tablier de Simon Hantaï, Annagrammes suivi de H.C, S.H, Lettres, Galilée, 2005, p. 17.
Retour au Sommaire de la galerie
Voir aussi l' index général des auteurs.