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Denise Le Dantec

Denise Le Dantec

Portrait de Denise Le Dantec
Image, G.AdC




     Je suis face à La Porte au chiendent peinte par Jean Dubuffet.
     Tout est clos: les deux pans de murs qui encadrent la porte,
le socle de la porte, la porte.
    À l'encontre du caractère haptique de la vieille porte encastrée dans les murs, heurtant le regard avec une violence certaine (on voudrait se ruer contre elle afin de l'ouvrir et d'apercevoir ce qu'elle cache), la masse végétale constitue une sorte de bas-relief qui nous touche.
    Haillonneuse, débridée, elle étoile la haute masse dure formée par les murs et par cette porte de bois qui y est encastrée.
     C'est par l'intermédiaire de cette méchante végétation que le tableau nous forcène.
    
Tel Orion aveugle frayant passage vers on ne sait quelle merveille, on voit à la fois le peintre, son portrait, et celui qui contemple sa peinture : nous ?
    Comme dans le paysage peint par Poussin transparaît le stellaire.
    Le chiendent resplendit dans l'assombrissement quelconque de sa masse, telles les étoiles du ciel...
    La toile n'est pas la fenêtre ouverte, matissienne, mais bien le mur où sera édifiée l'image qui aujourd'hui réitère ce dont nous n'avons peut-être même plus idée : cette ruée contemplative, ce retournement qui forcène la merveille.



Denise Le Dantec, Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes, Éditions Bartillat, 2000, pp. 229-230.



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