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Chiara Matraini

Chiara Matraini

Portrait de Chiara Matraini
Image, G.AdC

Occhi miei, oscurato è il vostro sole,
Così l’alta mia luce è a me sparita,
E, per quel ch’io ne speri, è al ciel salita,
Ma miracol non è, da tal si vuole.

Passò come una stella che in ciel vole,
Nell’età sua più bella e più fiorita.
Ahi dispierata morte, ahi crudel vita,
Via men d’ogni ventura altra mi duole.

Rimasta senza ‘l lume ch’amai tanto,
Vommene in guisa d’orbo senza luce,
Che non sa dove vada e pur si parte.

Così è il mio cantar converso in pianto,
O mia forte ventura, a che m’adduce:
Veder l’alte speranze a terra sparte !

Chiara Matraini, in Lirici del Cinquecento, éd. par Luigi Baldacci, Florence, Salani, 1957; rééd. Milan, Longanesi, 1975 et 1978.

Mes yeux, votre soleil a perdu sa splendeur,
Ainsi mon haut flambeau disparut de ma vue,
Ou, comme je l’espère, au ciel fut exhaussé :
Mais n’y a point miracle, et le veut tel seigneur.

Il a passé, comme une étoile au ciel s’envole,
En sa plus belle et plus florissante journée.
Ah, mort inexorable, ah, trop cruelle vie !
Nul autre coup du sort ne me fait tant souffrir.

Seule, sans la clarté que j’ai chérie si fort,
J’avance, telle un aveugle en sa nuit profonde,
Qui ne sait où aller, mais se met en chemin.

Voici mes chants mués en larmoyants accords.
Ô, mon rude malheur, à quoi sui-je réduite :
À voir de hauts espoirs à terre les ruines !

Chiara Matraini, Anthologie bilingue de la poésie italienne, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1994, pp. 539-540.

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