Portrait de Alejandra Pizarnik
Image, G.AdC
L’OBSCURITÉ DES EAUX
Escucho resonar el agua que cae en mi sueño. Las palabras caen como el agua yo caigo. Dibujo en mi ojos la forma de mis ojos, nado en mis aguas, me digo mis silencios. Toda la noche espero que mi lenguaje logre configurarme. Y pienso en el viento que viene a mí, permanece en mí. Toda la noche he caminado bajo la lluvia desconocida. A mí me han dado un silencio pleno de formas y visiones (dices). Y corres desolada como el único pájaro en el viento.
Alejandra Pizarnik, Figuras de la Ausencia in Poesía completa, Editorial Lumen, 2000, p. 285. Edición a cargo de Ana Becciú.
J’écoute résonner l’eau qui tombe dans mon rêve. Les paroles tombent comme l’eau je tombe. Je dessine dans mes yeux la forme de mes yeux, je nage dans mes eaux, je me dis mes silences. Toute la nuit j’attends que mon langage me configure. Et je pense au vent qui vient à moi, perdure en moi. Toute la nuit j’ai marché sous la pluie inconnue. À moi ils me donnèrent un silence plein de formes et de visions (tu dis). Et tu cours déchirée comme l’unique oiseau dans le vent.
Alejandra Pizarnik, « Figures de l’absence » in L’Enfer musical [1971], Œuvre poétique, Actes Sud, 2005, p. 249. Traduit de l’espagnol (Argentine par Silvia Baron Supervielle).
J’écoute le bruit de l’eau qui tombe dans mon sommeil. Les mots tombent comme l’eau moi je tombe. Je dessine dans mes yeux la forme de mes yeux, je nage dans mes eaux, je me dis mes silences. Toute la nuit j’attends que mon langage parvienne à me configurer. Et je pense au vent qui vient à moi, qui demeure en moi. Toute la nuit, j’ai marché sous la pluie inconnue. On m’a donné un silence plein de formes et de visions (dis-tu). Et tu cours désolée comme l’unique oiseau dans le vent.
Alejandra Pizarnik, L’Enfer musical, Ypsilon éditeur, octobre 2012, page 49. Traduction de Jacques Ancet.
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