Elles peuplent de leur présence solaire le monde mouvant du torrent. Elles animent les eaux de leurs ébats; elles se livrent, insouciantes, au désir de celui qui les observe, qui cajole leur peau de son regard d’esthète, amant tacite de leur beauté.
Mais quel est ton désir, poète ? Mon désir est de les aimer toutes, mon désir est d’être aimé d’elles. Mon désir est de leur dire mon désir. Mon désir est un don. Mon désir est offrande. Les Femmes du fleuve se prêtent à ce don, elles s’offrent à mes regards. Par ce double désir de l’offrande, offerte et rendue, je renais, je revis. J’existe. Le temps d’une pose, le temps d’un déclic. Je crée la beauté et je recrée le temps. J’inscris la beauté dans le temps, je les lie l’un à l’autre. Au temps, je donne son ampleur, je le vole à l’éphémère, je le recompose. Sous mon regard, le temps a enfin la chance d’être. La beauté, elle, est de tous les temps. Et, dans l’intime de cette toile qui se tisse entre la beauté et le temps, c’est moi que je recrée.