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MARIE-ANGE SEBASTI
Image, G.AdC
À la voir si menue et si réservée, on ne saurait imaginer que derrière tant de modestie se cachent à la fois un chercheur et un poète ! Eh bien oui, Marie-Ange Sebasti mène de front ses propres travaux d’écriture et ses activités d’ingénieur au CNRS ! Avec sa formation supérieure de Lettres classiques, elle aurait pu se consacrer à l’enseignement. Elle a préféré mettre à profit sa formation pour fouiller d’autres champs d’investigation… et d’autres lointains.
Marie-Ange a une passion. Une passion qui va bien au-delà des simples savoirs, pourtant très pointus, qu’exige la recherche. Elle se passionne pour l’écriture : écriture épistolaire et écriture oratoire, dont elle décortique la rhétorique et analyse les fonctions. Et cette passion prend corps chez les Pères de l’Eglise. Dans la littérature patristique. Côté épistolaire, les
Lettres de Firmus de Césarée, évêque de Cappadoce. Côté discours, le théologien Grégoire de Nazianze, « philosophe » chrétien du IV
e siècle de notre ère. L’art oratoire de ce prédicateur, dont elle traduit et commente les
Discours (
Discours, 6 à 12), Marie-Ange en exhume les clés proprement « littéraires ».
Marie-Ange, yeux pétillants de malice et petit sourire fin au fil des lèvres, est une femme sensible et fière. Fierté sauvage qui est le sceau des femmes insulaires. La terre de Marie-Ange, c’est Kallistè, la Corse. Et le sol de ses ancêtres, Sartène. C’est dans cette sève-là, faite des lumières et des senteurs de son île, que sa plume puise sa source. Délicatement empreinte des nostalgies des montagnes ancestrales, sa poésie regorge d’images bouleversantes. Une écriture des profondeurs, scandée par une rythmique forte, nourrie des alternances de dactyles et spondées. C’est cela, l’écriture poétique de Marie-Ange. Une écriture de chair et d’âme. Car Marie-Ange Sebasti vit dans la poésie et pour la poésie. Une poésie à plein temps qui se nourrit aussi de sa vie de « continentale ». Et de ces échanges nourris et incessants entre l’être-dans-l’île et l’être-hors-de-l’île.
Marie-Ange vit la poésie comme une injonction à vivre et à saisir tous les instants. Avec le temps, ses textes s’amenuisent, se condensent, se densifient. Elle va vers le moins-de-mots avec toujours plus de rythme, toujours plus de souffle. Et dans ce souffle-là, il y a comme une traînée de poudre légère mais volontaire qui court d’un poème à l’autre, comme un trait de révolte qui suit sa trajectoire assurée. La poésie de Marie-Ange, c’est une poésie qui ébranle et dérange, décentre, oblige au déplacement celui qui croise ses textes. Une poésie de la traque, alors ? Oui, c’est cela, une poésie de la traque – dure et tendre à la fois - à laquelle il faut se laisser prendre pour en savourer toutes les traces !
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Marie-Ange Sebasti a notamment publié :
-
Effleurements, Regain, 1963.
-
Paroles pour une île, Promotion et Édition, 1967.
-
Contours apparents, Collection « Les Poètes de Laudes », n°12, Cahier 95, 1989.
-
Presque une île, La Marge Édition, 1997. Préface de Charles Juliet ; rééd. Colonna Édition, mars 2010.
-
Corse dans le chalut des jours, avec des photos de Monique Pietri, Éditions de l’Envol, 2001.
-
Seuils, poème, avec une gravure de Bernadette Planchenault, Empreintes, Paris, juin 2002.
-
Demain, poème, avec une gravure de Bernadette Planchenault, Empreintes, Paris, juin 2004.
-
Les Marges arides, in
Friches/Cahier de poésie verte n° 85, hiver 2004.
- Ouvrage collectif,
Ougarit, la terre, le ciel, La Part des Anges édition, 2004. Textes réunis par Marie-Ange Sebasti et Joël Vernet.
-
Marges arides, Jacques André Éditeur, Lyon, mars 2006 ; rééd. Jacques André Éditeur, collection Poésie XXI, janvier 2009.
-
La Porte des lagunes, Editions Sang d'encre, Collection Opuscules, illustration de Colette Milly, juin 2006.
-
Permis fluvial, 17 poèmes, Poésie rencontre, bulletin spécial, juin 2006.
- (Monique Pietri),
Villes éphémères, Jacques André Éditeur, Lyon, 2007.
- (Monique Pietri),
Bastia à fleur d'eau, Jacques André Editeur, 2008.
– (Monique Pietri),
Venise février, Jacques André Éditeur, 2010.
-
Haute Plage, Jacques André Éditeur, collection Poésie XXI, 2011.
-
Cette parcelle inépuisable, Jacques André Éditeur, collection Poésie XXI, 2013.
–
Heures de pointe (récits courts), éditions Le Pont du Change, 2014.
–
La Connivence du marchand de couleurs, Jacques André Éditeur, collection Poésie XXI, 2016.
–
La Caravage de l'orage, Jacques André Éditeur, collection Poésie XXI, 2019.
■ Marie-Ange Sebasti
sur Terres de femmes ▼
→ une petite anthologie poétique de Marie-Ange Sebasti
→ Rue natale (extrait de La Caravane de l’orage)
→ Cette parcelle inépuisable (note de lecture d’AP)
→ [Un chemin de silence a gonflé ton chargement de mots] (extrait de Cette parcelle inépuisable)
→ Demain (extrait de Marges arides)
→ « Notre héritage n’est pas forteresse »
→ [On voudrait partager sans parole] (extrait de La Connivence du marchand de couleurs)
→ Parlemente (extrait de La Porte des lagunes)
→ Plage d’encre (extrait de Haute plage)
→ Quand les îles pouffent de rire (extrait de Presque une île)
→ Une petite vieille en noir (extrait de Paroles pour une île)
→ Monique Pietri, Marie-Ange Sebasti, Bastia à fleur d’eau
→ Monique Pietri, Marie-Ange Sebasti, Villes éphémères (note de lecture)
→ Monique Pietri, Marie-Ange Sebasti Garder infatigablement les yeux ouverts (extrait de Villes éphémères)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Ils étaient partis
→ (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Marie-Ange Sebasti (+ un extrait de Paroles pour une île et de Corse, dans le chalut des jours)