<<Poésie d'un jour
¿será que sobrevivo al río o que el río sobre-
vive en mí ?
permanezco sin respuesta
ayer hoy y mañana, olas que me revuelcan
si nado los ojos abiertos bajo tierra
¿los encontraré ?
me esconderé en la sombra del único pez
que nada contra corriente
a mí también me gusta al sal, y también me
gusta cómo las algas cosquillean mi cola de
sirena incandescente
yo no soy como lxs demás
busco el anzuelo
el lugar donde duele
donde se encaja
donde hay herida, o sea
donde hay memoria
y si me pierdo lameré mi piel de escamas
hasta recordar cómo pesa la lengua
de tanto resguardar montañas
est-ce que je survis au fleuve ou est-ce le
fleuve qui survit en moi ?
je demeure sans réponse
hier aujourd’hui demain vagues qui me
renversent
si je nage les yeux ouverts sous terre, les
trouverai-je ?
je me distillerai dans l’ombre du seul
poisson à contre-courant
moi aussi j’aime le sel et les algues
qui chatouillent ma queue de sirène
incandescente
je ne suis pas comme les autres
je cherche l’hameçon
l’endroit où ca fait mal
où ça s’ancre
où ça blesse
c’est-à-dire où il y a mémoire
et si je perds je lécherai ma peau
d’écailles
jusqu’à me souvenir du poids de la langue
à force d’y abriter des montagnes
Samar Chaaban, des montagnes sous la langue, illustration de couverture : Samar Chaaban, yolitia, 2024, blast, Toulouse 2025, pp.44, 45.
L'autrice et les éditions blast remercient chaleureusement Sarah Haidar pour son aide précieuse sur les traductions en arabe.
Née en 1993 à Paris, dans le 13e arrondissement, de parents mexicains et libanais engagés dans les luttes anti-impérialistes, Samar est poète (ou poémiste) dans les heures volées au capital, lorsqu’elle ne travaille pas dans le secteur associatif en gestion de projets. Marquée par la disparition brutale de ses deux parents ces dernières années, elle cherche à tisser une poétique de l’absence et à explorer la transmission intergénérationnelle des luttes que permet cette filiation.
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