<< Poésie d'un jour
Beschaulichkeit
Die Bücher waren alle schon geschrieben,
die Taten alle scheinbar schon getan.
Alles, was seine schönen Augen sahn,
stammte aus früherer Bemühung her.
Die Häuser, Brücken und die Eisenbahn
hatten etwas durchaus Bermerkenswertes.
Er dachte an den stürmischen Laertes,
an Lohengrin und seinen sanƒten Schwan,
und üb’ rall war das Hohe schon getan,
stammte aus längstvergangnen Zeiten.
Man sah ihn einsam über Felder reiten.
Das Leben lag am Uƒer wie ein Kahn,
der nicht mehr Ċhig ist zum Schaukeln, Gleiten.
Contemplation
Tous les livres étaient déjà écrits,
tous les exploits, semble-t-il, accomplis.
Tout ce que voyaient ses beaux yeux
était le fruit d’efforts très vieux.
Maisons, ponts, et chemins de fer
avaient vraiment quelque chose d’insigne.
Il songeait au bouillant Laertes,
à Lohengrin et son doux cygne,
Partout, déjà, le sublime était accompli,
Remontait à des temps reculés.
On le voyait chevaucher dans les champs, solitaire.
La vie était échouée sur la grève
Comme un canot qui ne peut plus tanguer, glisser.
Robert Walser, « III Berne 1924-1933 » in POÈMES/ GEDICHTE, Choisis et traduits par Marion Graf, Postface de Jochen Greven, Éditions Zoé 2008, pp. 80, 81.
Illustration: Fernand Hodler, La Forêt de hêtres, 1885.
Né à Bienne en 1878, mort à Herisau en 1956, Robert Walser est un poète à découvrir. Il publie ses premiers poèmes, âgé de vingt ans à peine, dans les plus prestigieuses revues de son temps, puis revient assidûment à la poésie dans les années bernoises, qui précèdent son silence définitif en 1933. Publiés jusqu’à Prague ou à Berlin pour certains, restés esquissés dans le territoire secret des microgrammes pour d’autres, ces poèmes tardifs vibrent d’une liberté et d’une audace à la fois souriante, fragile et souveraine.
Voici, en cinquante poèmes, une première approche d’une œuvre poétique tout en contrastes : autant de textes qui émeuvent et amusent, surprennent, déroutent, envoûtent.
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