<<Poésie d'un jour
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Das Mädchen mit dem Kopfhörer
durchquert die Stadt von Nord nach Süd.
Was hört das Mädchen ?
Hört es den Sturm in den Wäldern, aus denen es kommt ?
Hört es das Rieseln unter Tage, die sich vergrößernden Risse
im Gestein ?
Hört es die Stille über den Einsturzkratern im Süden ?
Fast wäre sie dir nicht aufgefallen, sagst du,
ihr lautloser Gang,ihr wendiger Körper
zwischen unseren eiligen unbedachten Bewegungen.
Als ob sie durch uns hindurchginge,
fremd und unbermerkt hinterlässt sied as Gefühl einer
[Störung.
Wo das Mädchen geht, wird alles jetzt, sagst du,
aber kannst es nicht erklären.
Vielleicht, dass sie aus der Zukunft kommt.
Dass die Wälder unsere Zukunft sind ? frage ich.
Dass die Stadt unsere Vergangenheit ist, sagst du.
Dass sich die unbetretbaren Gebiete vom Süden
immer mehr in den Norden schieben.
Dass die Wälder uns gleichzeitig mit den Einsturzkratern
[erreichen.
Wie gerne, sagst du, würdest du dem Mädchen
unsere Geschichte erzählen.
Nun, da unser Leben hier oben
und unser Leben unter Tage am Boden der Krater in eins fallen
und auf den unterirdischen Straßen,
auf denen wir mit schwerem Gerät fuhren,
die Schienen der Züge liegen, die uns mit der Welt verbanden
und die Blumen in der Vase, die wir stehen ließen,
als wir die Wohnung räumten und für immer abschlossen.
Im Grunde ist es nichts als das,
willst du dem Mädchen erzählen :
Wir haben unter Tage alles geholt, was wir brauchten,
Wir haben das Kali auf die Felder verteilt
und aus dem Getreide Brot gebacken.
Wir haben das Brot gegessen.
Wir haben die leergeräumten Gebiete unter Tage aufgegeben
und uns weiter unter die Stadt gegraben.
Nun geben wir auch die Gebiete über Tage auf
und überlassen es der Zukunft und der stetigen Arbeit
des in den Schacht gedrungenen Wassers,
wann und ob unsere Wohnungen,
in denen die Blumen nun für immer und immer welken,
in die Tiefe stürzen.
Es ist nichts weiter als das
und der Himmel mit den unsere Stadt beobachtenden Satelliten
spiegelt sich im Wasser, das sich in den Kratern sammelt
und sie sind schön.
Sie sind schön, weil sich über sie nur schweigen lässt.
Aber wenn das Mädchen zurückkommt
aus dem Süden der Stadt,
in den wir nun nie mehr gehen werden,
nicht an den See mit den Segelbooten,
nicht mehr in die Gärten und Häuser mit den verglasten Veranden,
nicht in die Kirche des heiligen Johannes des Täufers,
deren Turm sich nun neigt, als würde es immerfort Abend
[werden –
wenn das Mädchen kommt, uns zuzuhören,
werden wir erzählen. Davon, was war,
davon, was wir glaubten, was sein würde,
an jenem Tag der Zukunft, der morgen
unsere Vergangenheit sein wird...
La fille aux écouteurs (Extrait)
traverse la ville du nord au sud.
Qu’entend la fille ?
Entend-elle la tempête dans les forêts d’où elle vient ?
Entend-elle le délitement sous terre, les failles qui s’élargissent
dans la roche ?
Entend-elle le silence sur les cratères d’effondrement au sud ?
Tu as failli ne pas la remarquer, dis-tu,
sa démarche sans bruit, son corps souple
entre nos mouvements pressés et irréfléchis.
Comme si elle passait à travers nous,
elle laisse, étrangère et sans qu’il y paraisse, un sentiment
[de perturbation.
Là où marche la fille, tout devient maintenant, dis-tu,
sans pouvoir l’expliquer.
Peut-être qu’elle vient du futur.
Que les forêts sont notre avenir ? demandé-je.
Que la ville est notre passé, dis-tu.
Que les territoires inaccessibles du sud
se déplacent de plus en plus vers le nord.
Que les forêts nous atteindront en même temps que
[les cratères d’effondrement.
J’aimerais tant, dis-tu, raconter notre histoire
à la fille.
Maintenant que notre vie d’en haut
et notre vie sous terre au pied du cratère se recoupent
et sur les voies souterraines,
où nous roulions avec des engins lourds,
gisent les rails des trains qui nous reliaient au monde
et les fleurs dans le vase que nous avons laissées
quand nous avons évacué la maison et l’avons a jamais fermée.
Au fond c’est juste ça,
voudrais-tu raconter à la fille :
nous avons pris sous terre tout ce dont nous avions besoin,
nous avons répandu la potasse dans les champs
et fait le pain à partir des céréales.
Nous avons mangé le pain.
Nous avons abandonné les territoires évacués sous terre
et nous nous sommes davantage enfouis sous la ville.
Maintenant, nous abandonnons aussi les zones sur terre
et confions à l’avenir et au travail constant
de l’eau qui a infiltré le puits
le soin de décider quand et si nos appartements,
où désormais les fleurs fanent à jamais,
tomberont dans le vide.
Ce n’est rien de plus que ça
et le ciel avec ses satellites observant notre ville
se reflète dans l’eau accumulée dans les cratères
et ils sont beaux.
Ils sont beaux car on ne peut que se taire à leur sujet.
Mais quand la fille reviendra
du sud de la ville
où nous n’irons plus jamais à présent,
ni au lac avec les voiliers,
ni dans les jardins et les maisons aux vérandas en verre,
ni à l’église de Saint Jean Baptiste
dont le clocher s’incline maintenant comme si le soir tombait
[constamment –
quand la fille viendra nous écouter,
nous parlerons. De ce qui a été,
de ce que nous avons cru qu’il adviendrait
en ce jour futur qui demain
sera notre passé…
Daniela Danz, « Ville de l’avant-garde »/ « Stadt der Avantgarde »in La fille aux écouteurs/ Das Mädchen mit dem kopfhörer, Poèmes de Daniela Danz, extraits du recueil Wildniß, traduits de l’allemand par Roland Crastes de Paulet & Axel Wiegandt, Alidades 2025, pp. 36, 37, 38, 39.
Daniela Danz, poétesse et écrivaine allemande est née en 1976 à Eisenach. Spécialiste en histoire de l’art, elle est aussi traductrice et éditrice. Elle a publié quatre recueils de poèmes, deux romans, des essais, des livres pour enfants et même un livret d’opéra.Traduite en de nombreuses langues elle ne l’avait encore jamais été en français.
Les poèmes ici rassemblés sont extraits du recueil Wildniß publié en 2020. Elle y aborde la question des rapports ambivalents de l’homme, à la fois victime et bourreau, et de la nature dans une réalité marquée par l’insécurité écologique.
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