<< Poésie d'un jour
Composition librement interprétée de G.AdC
Premier
printemps
que l’abîme fend en deux,
tectonique
des plaques,
rift
soudain surgi
dans ma perception du temps :
le
cerisier cette année
ne
t’a pas attendu pour fleurir.
Le
banc reste libre,
on
trouverait place pour deux.
C’est
une rue ordinaire,
je
m’assois pour compter
tous
ces gens qui passent
et
qui jamais ne pensent à toi.
Un
détail, un détour,
un accroc,
l’infime
d’une faille :
pour
presque rien
montent les larmes,
certaines
formes intempestives
du chagrin
ont
l’art de se nourrir de tout.
**
Un
pli
dans les revers des paysages,
un
tremblement
dans l’inflexion de la lumière :
ton
ombre portée ?
Ce
soir
tu as perdu ton épaisseur,
n’importe
quoi peut te traverser
sans te faire aucun mal,
c’est
une consolation.
Conscience
partout dans l’univers,
pourrait-on supposer,
jusqu’à
celle de l’amibe, du rhizome,
du granit.
Et
toi, pulvérisé,
sais-tu
que tu es mort ?
Patricia Castex-Menier, IV/Contre-jours, Œuvres de Shi Qi, Postface de Pierre Dhainaut, L’Herbe qui tremble 2025, pp.113, 114, 115, 118, 119.
PATRICIA CASTEX MENIER sur TdF :
→ Havres, Collection Jour & Nuit, Les Lieux-Dits, 2023
→ Ithaque
Voir aussi :
Commentaires