<< Ma poésie du week-end
Photo : G.AdC
Douloureuse elle fuit dans une nuit sans rêve
un nœud étroit musèle ses entrailles muettes
sa gorge tient serrés les sanglots en dérive
il aura donc suffi d’un printemps ténébreux
pour que se taise enfin le glas du désamour
dans ses entrailles sourdes à la pleine lumière
il en aura fallu des journées sans lumière
pour que son chant de pleurs se résigne à la trêve
pour que cesse soudain le glas du désamour
elle gît alanguie dans ses rages muettes
enfermée dans le deuil d’un printemps orageux
qui la garde attachée sanglotant à la rive
elle se tient à l’orée de sa conque en dérive
attentive aux rigueurs de la pleine lumière
que finisse à jamais ce séjour caverneux
qui la vit s’abîmer dans un sommeil sans rêve
se perdre et se noyer en des rages muettes
en proie aux affres noirs du sanglant désamour
prisonnière alanguie en proie au désamour
elle se livre en aveugle à sa rage en dérive
et brame à la volée sa souffrance muette
pour que surgisse enfin dans la pleine lumière
la trame interrompue du tissé de ses rêves
et que s’exilent au loin les printemps orageux
que finisse aussitôt ce séjour ténébreux
que s’éloignent avec lui les rires de l’amour
que se tisse à nouveau un sommeil plein de rêves
et qu’ensemble tous deux coulant de rive en rive
elles puissent retrouver leurs jeux vers la lumière
évoluer sans fin loin des larmes muettes
s’envoler à jamais loin des rages muettes
et quitter pour toujours ce séjour caverneux
afin de renouer leurs jeux dans la lumière
et finir de languir dans un pieux désamour
libéré du désir de la rage en dérive
se couler à nouveau dans les vagues du rêve
loin des larmes muettes et regards orageux
s’adonner aux jeux d’eaux de lumière et d’amour
dans les rêves nouveaux de vagues en dérive.
Angèle Paoli, sextine ouvrant Les Feuillets de la Minotaure, coéditions Corlevour et Terres de femmes, mars 2015.
L’ensemble épistolaire des Feuillets de Minoa (première partie), est ponctué par de brefs poèmes dont la tonalité sagement érotique rompt avec la prose des lettres tout imprégnées du « sentimentalisme » du XVIIIe siècle. Les Journuits (seconde partie) combinent récits oniriques et prose. Les Petites fantaisies minoennes (3e partie), brefs textes en vers, jouent le rôle d’intermède ludique. La dernière partie, Chants de Minoa, rassemble des poèmes inspirés par la même ferveur lyrique.
♦ Lire une critique de l'ouvrage par → Sabine Huynh ♦
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