<<Poésie d'un jour
Photocollage : G.AdC
Enseignécrire.
Laisser une trace ?
Éclairer quelque chose ou quelqu’un.
***
Classe difficile.
Le calme devient l’objectif.
Le seul. Sinon rien n’est possible.
Après on verra.
***
Penser. Construire. Stimuler. Échanger.
Transmettre.
Évaluer.
Repêcher. Que la sélection ne soit pas naturelle.
***
Il ne s’agit pas de lenteur.
Plutôt de temps qui manque.
En faire moins mais le faire bien.
***
Se peut-il que les mots soient gardiens
d’une vie, en cultivent les friches, en balisent,
étendent le territoire ?
Qu’ils soient le sens même à donner aux
heures passées à les transmettre, les partager,
à tenter de les aimer ?
***
Ce métier, c’est aller de la réponse à la
question.
***
Le vendredi soir tout s’accélère. S’allonge
aussi.
Les mots ont moins de poids, perdent le chemin
et la cible.
L’heure est volatile, rassemble trente hâtes,
trente fatigues. Un sursaut de bruit et puis,
plus rien.
Vendredi nous mène à l’île, vendredi ou le
nom d’une approche.
***
Rentrer. Enfin. Trouver la maison silen-
cieuse. Écrire un poème. Un temps d’explorer.
Le chemin est immense, il peut n’être qu’un
départ.
Une soif impossible à étancher
***
Savent-ils l’ordre versant de ma vie ?
Le poème à écrire, l’enfant à consoler,
L’amour à faire ?
Imaginent-ils ?
Leur surprise quand je les rencontre dans la
ville ou sur le marché. Cette réaction, joie ou
gêne, de me voir humaine parmi les humains.
À eux, pareille.
Rien qu’une femme croisée dans la rue.
Estelle Fenzy, Lisser les pointes (Carnet de collège), Poésie, Éditions La Part Commune, 2025, pp. 24, 24, 28, 29, 52, 53, 54, 55, 59.
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