<<Poésie d'un jour
Elle redoublait face au miroir
embrassée partout renaissant à la ligne
et noyée d’encre noire
recommençait le matin des yeux
parole entre les regards
et souffle dans l’attente
et l’oubli si la mer est close
c’est la forme d’une femme
Il déclarait « mort au lierre »
taillait les heures d’hiver au cordeau
limitait le temps domestique
il réglait la banquise à la voile
cœur à bâbord appâtant les nuages
de nouveaux nœuds sans retour
mais la menace est à portée
quand le quotidien est persistant
Elle caracolait et cavalait
attendant la caravelle de baisers
par la herse des vagues
ses ailes bien découpées
allait jusqu’au phare défaire les nœuds
« ganse d’amante » à retenir
pour le voyage entre ses bras
« dans l’étrave ou si l’on veut dans l’écume »*
Il savait où les volcans se vident dans la mer
les abris sous le temple du Cap Soumion
et le poids d’une ancre
là où les yeux portent plus loin
outre-jour par rafales
paroles d’albatros et mots d’algues
pour renouer l’arbitrage et la sentence
et nos nuits bord à bord
*H. Michaux
Luce Guilbaud, L’un de l’autre, Vignette de couverture Isabelle Clément, La main aux poètes,
Collection dirigée par Jean Le Boël, Éditions Henry, ©la rumeur libre Éditions, 2024, pp.20, 21, 22, 23.
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