Le poète Jacques Réda est décédé à Hyères, le 30 septembre 2024.
Il était âgé de 95 ans.
CRÉPUSCULE
On ne voit pas les gens dont en entend la voix
Et ceux qu’on voit ont l’air d’illustrer le silence
Tandis que circulairement l’orage lance
De longs éclairs muets qui tremblent sur les toits.
On attendait un sourd roulement de tonnerre,
Mais rien. La dame, en face, arrose sans un bruit
Ses fleurs pâles déjà recloses pour la nuit
Et partout règne un silence extraordinaire.
Peut-être le moteur de la terre s’est-il
Arrêté brusquement malgré la loi physique
Et ne perçoit-on pas encore la musique
Des sphères à travers ce silence d’exil.
Eh bien qu’elle rugisse ou file son murmure
À l’infini sans nous qui sommes exilés
Entre l’aube stridente et les cieux constellés,
Dans le soir insonore avant la nuit obscure.
Jacques Réda, « Crépuscule », L’Adoption du système métrique, Gallimard, Collection blanche, 2004, page 107.
Jacques Réda
Sète, festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée
31 juillet 2015
Ph. ©Pierre Kobel
■ Jacques Réda
sur Terres de femmes ▼
→ L’aurore hésite
→ La course
→ L’homme et le caillou
→ Testament (poème extrait du Testament de Borée)
→ 4 mars 1970 | Jacques Réda, Il s’est mis à neiger (hommage à Jean-Philippe Salabreuil)
■ Voir | écouter aussi ▼
→ un site consacré à Jacques Réda
→ (sur Terres de femmes) Bernadette Engel-Roux | Le nom des choses [Une lecture de Jacques Réda, extrait]
→ la conférence en ligne de Jacques Réda (dimanche 9 novembre 2003. Université de tous les savoirs) : "Jacques Réda : Écrire Paris")
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