Angèle Paoli & Caroline François-Rubino
Mont Ventoux, vues et variations
Voix d’encre 2024.
Lecture de Sabine Péglion in La Revue des deux mondes,
septembre 2024,pp. 183,184
Peinture de Caroline François-Rubino
« Haut est le mont/ et Ventoux est son nom/ qui siffle/ à son étrave dure/ et fend sans coup férir/ les terres/ de Provence »
Dans son nouveau recueil, Angèle Paoli nous entraîne à ses cotés autour du Mont Ventoux. Certes, la réalité concrète, visible, géographique du lieu est évoquée mais le langage poétique, la musique des mots, le choix des images vont au-delà de la simple description d’une formation géologique. En effet, la poète nous restitue un paysage sensible où « toute une cartographie/de vignes de tuiles ocres/d’oliviers au vert tendre /de lavandes vibrantes/ d’abeilles//déploie ses ors/ses mauves ses parfums/sa nonchalance /sa douceur de vivre/ à l’ombre des platanes. »
Silhouette que l’on guette, dont on suit les variations saisonnières : « l’automne est là »[…]
« toile mosaïque// subtils dégradés/
d’ors de bruns », les fluctuations nuageuses soulignant le parcours de la lumière : « Il arrive qu’un brouillard//- aussi dense que par nuit d’hiver-// enveloppe le Ventoux/ le camoufle absorbe/ sa lourde carrure » dont il ne reste plus qu’ « une épure ». Attendre alors qu’« un rai de lumière/ filtre » pour que le mont retrouve « sa noble puissance » ou qu’il surgisse tel un navire qui « navigue/ plein ciel// et sa carène blanche/ se dresse fière et pure ».
Évocation dans l’espace et le temps car Angèle Paoli n’oublie pas que ce lieu fut traversé de randonneurs, illustres poètes, que ce soit « Pétrarque le Toscan », ou « au lendemain de la Libération […]/René Char » et ce sont leurs vers qui l’accompagnent tout au long des drailles.
Déambulation poétique merveilleusement accompagnée par les peintures de Caroline François-Rubino. Celles-ci dépassent la fonction d’illustration des poèmes. Par la simplicité subtile des traits, le travail sur les nuances, les contrastes, elles créent dans ce recueil un véritable dialogue entre peinture et poésie. Le choix de l’éditeur de les déployer en double page permet d’entrecroiser les regards, les perceptions, et laisse le lecteur retrouver avec bonheur, du Mont Ventoux, « l’idée de son être/ rivé en majesté/ depuis des ères/ posé là sur son socle/ qui domine la Provence. »
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