Laurine Rousselet / Présentation de Danser dans l'immensité
Laurine Rousselet et Marie-Claude Pietragalla
Photos DR/Pascal Elliot
Dans cet ouvrage, Laurine Rousselet n’écrit pas sur la danse mais elle écrit-
danse, réussissant à mettre en mots un art qui passe par le mouvement et
non par les mots. Le texte se compose de neuf vues qui s’ouvrent sur un
échange entre ELLE et LUI – la femme qui danse et l’homme qui danse – et se
ferment sur des pages où l’on entend le son d’une seule voix, le chant des deux
à l’unisson. Les timbres de leurs voix se mélangeant dans un sensuel pas
de deux. Les deux corps, reliés l’un à l’autre, dialoguent par le mouvement
de la parole qui réduit la distance physique qui les sépare et les retient
dans une étreinte qui s’ouvre et se referme à la vitesse de la respiration.
Danser dans l’immensité nous ouvre à l’espace immense d’un échange tissé
de mots prononcés
dans l’instant où l’énergie de deux corps proches est tantôt libérée, tantôt retenue — jusqu’au — final qui est écrit-dansé ensemble.
***
Laurine Rousselet ouvre le dispositif de la page à la vitesse de la danse,
au voyage des corps aimantés. Dans ce chant d’ivresse qui ricoche d’Elle
à Lui – « Elle, la femme qui danse, Lui, l’homme qui danse » –, l’écriture
entre en titubation, réduit la distance entre les corps, entre les archipels
du temps.
Une formule troue l’espace où les mots se bandent comme des amants :
« L’amour est la seule forme possible de l’expression ». Inspiré par
Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, Danser dans l’immensité
fait monter la danse au creux des reins des lecteurs, s’aventure dans le
sans entraves, dans l’intempestif, dans le ventre de la passion. Dans les
grondements des intensités silencieuses, le verbe puise dans l’énergie de la
danse la vie sensuelle des désirs.
Un chant où la chair et la beauté s’enlacent. Où la nuit entrouvre ses
paupières et colle sa bouche aux troncs des arbres.
Laurine Rousselet écrit dans l’illimitation du sauvage et l’écoute de
l’échevelé.
Véronique Bergen
À Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault,
Septième vue, Extrait
À CHAQUE INSTANT
ABSORBER NAISSANCE
AU SEIN VÉGÉTAL DU
VIVANT
LUI. — Voir, vivre, danser, crier !
S’éveiller ! Jaillir ! Fondre !
ELLE. — Saisir la limpidité sans se défendre du risque !
LUI. — La clarté se précipite sur nous, sur nos corps que la
beauté libère !
Lorsque la nuit descend, j’ouvre encore les yeux. Et je
découvre une sorte d’enlèvement, inséparable de cette beauté.
ELLE. — Traverser demande une conscience élargie…
Un indiscutable envol. Une apesanteur.
LUI. — De notre temps, mon amour, surgit chaque
interrogation…
Danse, danse, danse, sans renoncer au vertige de la légèreté.
Révélation. Simplicité. Le vide s’extériorise…
SENTIR TON CORPS DYNAMIQUE
DANS L’ÉPURE
LA SOUDAINETÉ AMARRÉE À LA
DISTANCE COMPRISE
LUMIÈRE VITALE
ÉTREIGNANT LIMITES
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LAURINE ROUSSELET
Hubert Haddad,
Portrait de Laurine Rousselet, 2006
■ Laurine Rousselet
sur Terres de femmes ▼
→ Laurine Rousselet | Nuno Júdice, Réponses à la lumière I et II, Dessins de Bernard Morinot,
Traduction de Catherine Dumas, Éditions de l’Aigrette 2023,
→ [le concret s’avance au creux de la main] (extrait de Nuit témoin)
→ [la débâcle vient du réel] (extrait de Journal de l’attente)
→ [en haut du temple] (autre extrait de Journal de l’attente)
→ Nuit témoin (lecture d’AP)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) [illisibilité afflux soulèvement]
→Laurine Rousselet / Nuno Júdice, Réponses à la lumière, Éditions de l'Aigrette 2024
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Laurine Rousselet
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une lecture de Ruine balance
→ (sur lelitteraire.com) une lecture de Ruine balance par Jean-Paul Gavard-Perret
→ (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la page de l’éditeur sur Ruine balance de Laurine Rousselet
→ (sur Levure littéraire 12) Laurine Rousselet, Syrie, ce proche ailleurs (lecture d’AP)
Commentaires
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