<<Poésie d'un jour
" On t’a donné des yeux pour te perdre"
PH. → G.AdC
à Raphaële George et Claude Margat
De quelle scène suis-je le regard
pour quelle vision
m’a-t-on fait venir en ce monde
°
On t’a donné des yeux pour te perdre
°
Tu parles, tu dis
mais seul l’effacement de ta parole
fait chemin vers l’autre rive
°
Rien ne t’écoute
ainsi commence l’entrée dans ce monde
°
Et si aller en ce monde
N’était qu’un immobile voyage
°
Tu écris, peut-être, pour voir
ce que tu ne pourras pas retenir
°
Peut-être ne peut-on dire vraiment
que ce qui s’éloigne
°
Nous lisons bleu
alors que le ciel
est une pierre changeante
°
Si on t’enlevait la douleur
aurais-tu toujours un corps
°
Parmi les mots que tu écris
y en aura-t-il un seul
qui t’ouvrira le chemin
de ce que tu ne peux voir
°
Quand seras-tu en toi
comme vent dans le vent
°
Jean-Louis Giovannoni, « Ce lieu que les pierres regardent » in choix de poèmes, Éditions Unes 2024, pp.51,52,53.
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