<<Poésie d'un jour
Elle dit je pleure comme le soleil en hiver
Elle dit je trouvais ça triste mais je ne savais pas combien ça
le deviendrait
Elle dit je retrouve les petits cailloux de ma vie
Elle dit je me berce dans mon lit
Elle dit je peine à avoir chaud dans mes os
Elle dit l’abondance me terrifie
Elle dit le monde s’ouvre sous mes doigts
Elle dit le sens est intrusif
Elle dit les cigales grincent
Elle dit ta voix est un nuage
Elle dit ta peau est un nuage
Elle dit ta peau annule mon enveloppe
Elle dit tu es un crépuscule africain
Elle dit je mâche mes pas à l’ombre de tes doutes
Elle dit la marée flotte dans ta chevelure
Elle dit les gris et les bruns se brouillent au ras de l’eau
Elle dit c’est un jeu d’ombres belles d’ombrelle
Elle dit de l’herbe est passée n’importe n’importe où
Elle dit les dièses jouent dans l’osselet
Elle dit là si profonde l’intensité
Elle dit je veux changer de défauts
Elle dit je lui ai adressé un voyage
Elle dit la mort fait rebondir la vie
Elle dit il neige trop de sel
Elle dit l’œil est tué par ses périphériques
Elle dit avoir mis la clef sous la peau
Elle dit je pleure comme le soleil en hiver
She says I cry like the sun in winter
She says I found it sad but I didn’t know how sad it would
become
She says I find the pebbles of my life
She says I rock in my bed
She says my bones ache for warmth
She says abundance terrifies me
She says the world opens beneath my fingers
She says meaning is intrusive
She said the cicadas creak
She says your voice is a cloud
She says your skin cancels my envelope
She said you are an African twilight
She said I prepare my steps in the shadow of your doubts
She said the tide floats in your hair
She said the greys and browns blur at the water’s edge
She said it’s a game of shadows beautiful umbrellas
She says grass has gone wherever
She says there the intensity so deep
She said I want to change defects
She said I sent her a journey
She said death makes life bounce back
She said it nows too much salt
She said the eye is killed by its peripherals
She said she closed her skin down
She said I cry like the sun in winter
Anne-Lise Blanchard, Soliloque pour Elles, Dominique Deboffle/Estampes numériques, Patrick Williamson/Traduction, Éditions Unicité 2024, pp. 45, 46, 47, 48.
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Source
■ Anne-Lise Blanchard ▼
sur Terres de femmes
→ « Le rire tressaille en chaque pas » in L’Horizon patient, Poésie, Ad Solem Poésie, 2022
→ [La nuit vient en dormant] (extrait d’Épitomé du mort et du vif)
→ [Combien de joies vivons-nous en une vie ?] (extrait des Jours suffisent à son émerveillement)
→ Les jours suffisent à son émerveillement (lecture de Michel Ménaché)
→ Le Soleil s’est réfugié sous les cailloux (lecture d’AP)
→ [Hurlements sirènes] (extrait du Soleil s’est réfugié sous les cailloux)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Elle est à marée
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique de la Poéthèque sur Anne-Lise Blanchard
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