<< Poésie d'un jour
Photo de Colette Klein
6 juillet 1986
Fanny Halais née Speÿer
Divorcée Delaunay
ma grand-mère maternelle
Mère de ma mère, mais si peu,
toi qui l’as tenue à distance.
Je ne saurais dire combien de fois je t’ai vue,
Mais si peu.
Ma mère, entre toi et moi, n’avait pas construit de pont
mais un rempart
que je n’ai pas eu l’idée de contourner.
Je n’avais pas alors compris que mes racines
me reliaient aux tiennes, me reliaient
aux nerfs et au sang de ton lignage
toi la fière et indigne mère qui vécut en exil.
Les pages restées blanches
ne peuvent plus être lues,
ni même
écrites.
Le cri du corps
résonne
jusqu’aux cellules,
de la plus lointaine des étoiles,
cassé,
qui se replie dans les chairs
Cri brutalisant le feu inférieur
de la mort qui grignote,
fibre à fibre,
l’intimité des reclus.
La terre est amère aux suppliciés de toutes causes,
labourées mais stérile,
blessée par les obus,
les rizières barbares,
les feux,
les ossements atteints de nudité,
dépouilles tombées sous la mitraille
d’un ennemi imaginaire.
Des crayons de couleur ont effacé l’absence
qui volait
à l’approche
des nuées migratoires.
Colette Klein, Après la fin du monde, nuages| Requiem, Préface d’Antoine Spire, Photographie de couverture prise par l’artiste, Les Écrits du Nord, Éditions Henry, Collection dirigée par Jean Le Boël, La Rumeur libre Éditions, 2023, pp. 25, 26 ,27, 28.
COLETTE KLEIN
■ Sur Terres de femmes▼
→Mémoire tuméfiée, suivi de Lettres de Narcisse à l’ange, Éditions Éditinter, 2013
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Colette Klein
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