<< Poésie d'un jour
"fouler tant de feuilles sèches"
Aquatinte de → G.AdC
PARÉNTESIS, CASA FRÁGIL
Cuando la cerrazón arrecie
abre paréntesis, signo tibio,
casa frágil
que no tiene más techo
que el cielo imaginado
(aunque sea adusto, ácido, aciago,
si es otro quien lo abre),
piensa dos manos
que protejan tu rostro,
de veras miren dentro de ti,
agrupen sol contra el invierno,
sol y solvencia humana.
Aunque debas cruzar
bosques de tiempo,
pisar tantas hojas secas
en el suelo de la memoria,
cuidar no ser tragado
por zanjas de sorpresiva erosión,
búscate en el paréntesis,
como en palabras para siempre calladas.
PARENTHÈSE, FRAGILE ABRI
Lorsque la brume s’épaissit,
ouvre la parenthèse, signe bénin,
fragile abri
qui n’a d’autre toit
que le ciel imaginé
(même si, quand c’est un autre qui l’ouvre,
elle est pénible, âpre, funeste),
imagine deux mains
qui protègeraient ton visage,
regarderaient vraiment au fond de toi,
rassembleraient soleil contre l’hiver,
soleil et humaine confiance.
Même si tu dois traverser
des forêts de temps,
fouler tant de feuilles sèches
sur le terreau de la mémoire,
prends garde à ne pas être englouti
par des fondrières soudainement creusées,
cherche-toi dans la parenthèse
comme dans les paroles en silence pour toujours.
IDA VITALE, « SABLES NOUVEAUX », Traduction de François Maspero in NI PLUS NI MOINS, Traduction de l’espagnol (Uruguay) par Silvia Baron Supervielle & François Maspero, Introduction de Silvia Baron Supervielle, Édition bilingue, Maison Amérique Latine, La Librairie du XXIe siècle, Éditions du Seuil 2016, pp.128,129.
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I D A V I T A L E
Source
■ Ida Vitale
sur Terres de femmes ▼
→ La palabra infinito (extrait de Procura de lo imposible)
→Pauvre règne [Parvo Reina, 1984] in anthologie Ni plus ni moins, édition bilingue, Éditions du Seuil, « La Librairie du XXIe siècle », 2016, pp. 90-91. Traduction de l’espagnol Uruguay) par Silvia Baron Supervielle. Ouvrage publié avec le soutien de la Maison de l’Amérique latine.
■ Voir aussi ▼
→ (sur El País, 15 novembre 2018) Ida Vitale, premio Cervantes 2018
→ (sur le site du magazine Le Point) Ida Vitale, l’alchimiste des lettres uruguayennes
→ (sur A media voz) une notice bio-bibliographique sur Ida Vitale (+ plusieurs poèmes)
→ (sur le site des Cahiers Max Jacob) une recension de Ni plus ni moins d’Ida Vitale, par Ingrid Tempel [PDF]
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