<<Poésie d'un jour
"Comme un poumon qui se remplit d’air"
Photo: G.AdC
XXVIII
Nous sommes au cœur du sablier.
Chemin, temps, troupe s’étirent.
Nous passons grains à grains.
XXIX
Il y a un grand serre face à nous,
abrupt, rude, pierreux.
La grande tour de la forteresse.
Dans nos bouches, son nom
prend le temps de ralentir
pour mieux en dire l’épreuve.
XXX
L’espace s’ouvre,
pierre fichée dans la lande.
L’espace des sphynx et des
têtes de bélier.
XXXI
Comme un poumon qui se remplit d’air,
la montagne se couvre de brebis.
La montagne prend une grande bouffée de laine.
XXXII
Au col la brume et sur la route
quatre bergers qui émergent
au milieu.
Ils portent chacun un bout de
ciel noir sur l’épaule.
Un bout de ciel à manche de bois.
Leurs rires annoncent le repas.
Ni chevaliers ni moines
mais la fidélité des pastres.
XXXIII
La sieste.
Chacun sous son manteau
à même la terre
à écouter la pluie par en -dessous
et sa respiration,
à sentir la lande contre soi.
La sieste.
Pour un temps pierres
parmi les pierres du chaos.
Étienne Rouziès, « Premier jour » in La Montée, notes de transhumance, La Rumeur libre Éditions, 2023, pp. 40, 41, 42, 43, 44, 45.
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