<< Poésie d'un jour
Jérôme Delépine, Paysage lacustre,
huile sur toile, 2020, pp.72,73.
Errer pauvre d’images et de gestes à travers la nuit
pour ramasser les étoiles,
avancer à mots lents, des mots
qui ne pèsent pas,
des mots
qui disent
en s’effaçant.
Du fond d’un puits remontent les visages anciens.
partir nu à leur rencontre : quelque chose dans l’air
bat
qu’on ne sait pas
-derrière les yeux peut-être,
cet abrupt de marbre lisse à quoi la parole se heurte.
La montagne fait écho au silence
le renvoie plus dru encore.
Un jour
les mots tombent comme des mouches – parcelles
d’éternité évaporée
et le palais des rêves
devient tapis de barbe bleue.
Par le trou d’une serrure rouillée sonne le glas d’une autre vie
dont nous sommes exclus, que l’on ne parvient pas à rassembler.
À laquelle nous n’appartenons plus.
La haute mer a levé l’ancre – le cri des goélands est resté.
les vents s’enroulent, les cœurs sont loin,
on ne comprend pas.
On les regarde étreindre la nuit, les flammes ne bougent pas,
drôles de petites lueurs qui montent de la terre
pour allumer les trous.
Quand elles s’éteignent
rien ne bouge.
Éliane Vernay, Errer pauvre, Peintures de Jérôme Delépine, L’Herbe qui tremble 2023, pp.15, 18,19.
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