<<Poésie d'un jour
Le peintre et graveur Mustapha Belkouch
Mots
Graver dans mes mots que t’as cru
Ça serait pour l’éternité
L’éternité pas plus loin
Que ce poème en train :
La voilà passée.
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Sur de grandes parois de grès rouge
(Et pas loin presque toujours
Le vert des peupliers cottonwoods)
Des Indiens d’un très ancien temps
Ont gravé des figures qui sont peut-être des mots.
Mais le temps parfois fait qu’une plaque de grès s’effondre
(poussière)
Des fragments sont maintenant dans les musées :
On entend la pierre des mots
Rouler au fond du temps. Et le temps
C’est là juste à côté, un poème (une fumée).
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Écrire un poème c’est peut-être croire
À je ne sais quoi qu’on graverait dans les mots
Dans les mots, ou dans la forme
Que peu à peu prend le poème.
Quand le poème est écrit
Tu fais passer dessus le papier de ta pensée :
Une lecture comme on dit ; c’est jamais
La parfaite gravure qu’on voudrait.
Pensée
Poèmes pour accompagner
Qui ont cru mieux penser
Et n’ont rien montré.
Rien de si vivant
Dans les mots.
**
Lorsque deux ou trois poèmes me sont venus, donnés
Autant par des paysages traversés que par avoir pensé
À des gravures de quelqu’un
Je me dis qu’il faut remettre à demain
L’envie d’en écrire d’autres, que sinon
Je m’en vais rabâcher les mots déjà proposés
Mais sans doute que j’ai tort, écrire, écrire encore
Jamais c’est la même gravure de mots.
**
Poème ou gravure :
Ne voit-on que de l’encre
Qui touche à du papier ?
James Sacré,« Gravures » in De la matière autant que du sens (en compagnie du peintre et graveur Mustapha Belkouch, Al Manar 2023, pp.42 ,43 .
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J A M E S S A C R É
Ph. © olivier roller
Source
■ James Sacré
sur Terres de femmes ▼
→ [Dans la pointe exiguë d’un pays qui est de la campagne] (extrait d’Écrire pour t’aimer)
→ [Il y a le menhir] (extrait d’Et parier que dedans se donne aussi la beauté)
→ Le paysage est sans légende (lecture de Tristan Hordé)
→ Dans le format de la page (poème extrait du Paysage est sans légende)
→ Je t’aime. On n’entend rien (poème extrait d'Un paradis de poussières)
→ Le désir échappe à mon poème
→ Parfois (poème extrait d'Un paradis de poussières)
→ James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde
→ Et parier que dedans se donne aussi la beauté, Æncrages & Co, Collection Territoires, 2018, s.f. Dessins de Guy Calamusa.
→ « Le bonheur à la campagne » in Écrire pour t’aimer ; à S.B. suivi de S.B. hors du temps, éditions Faï fioc, 2018
→ Brouettes, Dessins d’Yvon Vey, Le Carré des lombes, Obsidiane, 2022
■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse)
→ (sur Loxias) une bio-bibliographie de James Sacré
→ (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »),
texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon)
→ (sur Terres de femmes) | rouge | (Angèle Paoli)
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