<<Poésie d'un jour
" Nous ne finirons jamais de nous lire."
V
Du är en öppen bok i mina händer.
Du är en dagbok vilken livet för.
Jag måste skynda mig att läsa dig.
Jag far aldrig läsa dig till slut.
Jag är en öppen bok i dina händer.
Jag är en följetong i livets veckotidning.
Vi måste läsa medan dagen varar.
Vi får aldrig läsa oss till slut.
Det står en vit bro över oktobers skogar.
Blåsten byggde den med månens hjälp.
Den har sitt andra fäste i novembers mörker.
Vi får aldrig vandra den till slut.
Det finns en ö av ensamhet, Birgitta,
dit alla vita broar leder.
Den är det enda varom livet skriver.
Men inte skall Birgitta gråta
över ön som är inom oss.
Vi måste läsa medan dagen varar.
Vi måste vandra medan bron står kvar.
V
Tu es un livre ouvert dans mes mains.
Tu es un journal intime écrit par la vie.
Je dois me hâter de te lire.
Je suis un livre ouvert entre tes mains.
Je suis un feuilleton de l’hebdomadaire de la vie
dont nous ne possédons que le numéro du mois d’octobre.
Nous devons lire tant que dure le jour.
Nous ne finirons jamais de nous lire.
Un pont blanc est érigé au-dessus des forêts d’octobre.
Le vent l’a bâti à l’aide de la lune.
L’une de ses culées repose sur la mélancolie de septembre.
L’autre, sur l’obscurité de novembre.
Nous ne le parcourrons jamais complètement.
Il est une île de solitude, Birgitta,
sur l’île en nous.
Il nous faut lire tant que dure le livre.
Il nous faut marcher tant qu’existe le pont.
Stig Dagerman, Suite Birgitta, Æncrages & CO, Feux, 2022, pp.12 et 38
Traduit du suédois par Philippe Bouquet et Claude Le Manchec
Il est l'un des écrivains suédois les plus importants des années 1940.
De 1945 à 1949, il publie, avec un succès considérable, un grand nombre d'œuvres littéraires et journalistiques.
Puis soudain, et sans raison connue, il cesse d'écrire. Il se suicide à l'automne 1954 à l'âge de 31 ans.
Stig Dagerman sur → Remue.net
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