<< Poésie d'un jour
Monotype de → Joël Leick
Euphorbe en fleurs, celle-ci dite petit-cyprès,
ma préférée. On ne la touche que des yeux.
La nuit, les voitures tirent sur leur cigarette
jusqu’au bout.
Les fermes, elles, gardent leur lumière. D’ici
on ne voit que la hanche noire des collines.
Femmes sur les jardins en avril, l’angle du linge,
herbe touffue.
Tour du lac. Un chien me dépasse à toute blinde,
flèche noire. Revient de même. L’impression qu’il
va me traverser. Dévie, recommence. Son jeu – car
c’en est un – se poursuivra tout au long des deux
heures que durera mon périple.
Ainsi du poème parfois qui, passant à côté de
nous, ne nous reconnaît pas.
Être un peu cul-fou, faire le cul-fou… S’agiter de
façon désordonnée, non sans quelque extravagance,
pour manifester sa joie ou faire remarquer, géné-
ralement employé par les jeunes personnes. Je
m’étonne qu’aucun dictionnaire, où les expressions
à partir du mot « cul » sont légion, ne mentionne
celle-ci, pourtant courante au temps de mon
enfance.
Dire le verger, s’y tenir. Ce pourrait être un
merveilleux départ. D’autant que tu disposes pour
cela d’un nombre de mots au moins égal à celui
des brins d’herbe. Et pourtant…
Verger, dis-tu.
Certes, je m’en tiens à ce qui est. Mais qu’est-ce
qui est ?
Ne pas en faire une histoire toutefois, ni même un
semblant de. Un pré moins encore. Rien à fabriquer
de ce côté-là.
Maison en bordure de village. Accrochées au
portail des boîtes à lettres, un écriteau sur
chacune. « Ne rien mettre dans cette boîte il y a un
nid à l’intérieur » sur l’une, sur l’autre : « Interdit
aux oiseaux. »
L’herbe, ils ne l’aiment que parquée.
Une voiture secoue la nappe de ses phares dans
la nuit.
Les aubépines en fleurs, les yeux des chats…
La nuit de partout est en feu.
Le poème. Pour soi, un temps au moins, rien
que pour soi.
Deux pétales blancs sur ma table ce matin.
Je n’ose plus bouger.
Poème. Pêche à la ligne. Sans carte, tenter d’en
accrocher les reflets, le dos de la rivière fourmille.
Pascal Commère, Verger, etc… Notes buissonnières, Monotypes de Joël Leick, Fata Morgana 2022, pp. 12,13,14,15.
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PASCAL COMMÈRE Source ■ Pascal Commère sur Terres de femmes ▼ → [La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote) → Territoire du Coyote (note de lecture d’AP) → Mémoire, ce qui demeure (note de lecture d’AP) → [Blanche, la gelée aux quatre coins] (poème extrait de « Songe du petit cheval déplacé en terre franque ») → Sur la poussière → [Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane ») ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Terre à ciel) une page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique) → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère → (sur le site de France Culture) Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012) |
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