<<Poésie d'un jour
" L’angoisse tient-elle compagnie ? "
Ph: G.AdC
¿ACOMPAŇAN las almas ? ¿ Se las siente ?
¿ O lo que te acompaňan son dedales
minúscolos, de vidrio,
cárceles de las puntas, de las fugas,
rosadas, de los dedos ?
¿Acompaňan las ansias ? ¿ Y los « más »,
los« más », los « más » no te acompaňan ?
¿ O tiene junto a ti sólo la música
tan mártir, destrozada
de chocar contra todas las esquinas
del mundo, la que tocan
desesperamente, sin besar,
espectros, pot la radio ?
¿Acompaňan las alas, o están lejos ?
Y dime, ¿ te acompaňa
ese inmenso querer estar contigo
que se llama el amor o el telegrama ?
¿ O estás sola, sin otra compaňía
que mirar muy despacio, con los ojos
arrasados de llanto, estampas viejas
de modas anticuadas, y sentirte desnuda,
sola, con tu desnudo prometido ?
Les âmes tiennent-elles compagnie ? Est-il possible de les sentir ?
Ou bien es-tu en compagnie de minuscules
dés, en verre,
prisons des pointes, des fugues,
roses, des doigts ?
L’angoisse tient-elle compagnie ? Et les « plus »,
les « plus », les « plus » ne tiennent -ils pas compagnie ?
Ou bien as-tu auprès de toi seulement la musique,
martyrisée, torturée,
de se heurter à tous les coins
du monde, celle que jouent
désespérément, sans baiser,
des spectres, à la radio ?
Les ailes tiennent-elles compagnie, ou bien sont-elles loin ?
Et dis-moi, es-tu accompagnée
par cet immense désir d’être avec toi
qui s’appelle l’amour ou le télégramme ?
Ou bien es-tu seule, sans autre compagnie
que de regarder très lentement, les yeux,
noyés de sanglots, d’anciennes images
de modes vieillies, et de te sentir nue,
seule, avec ta nudité promise ?
Pedro Salinas, Raison d’amour /Razón de amor, Peinture Renaud Allirand, Édition bilingue, Traduction Bernard Sesé, La tête à l’envers, 2022, pp. 44,45.
Voir → Wikipedia
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