<<Poésie d'un jour
Le gué
Chaque soir est un gué entre une berge abandonnée
une autre qui attend.
Au milieu du gué on rassemble les ombres
en un seul vêtement dont il faut s’habiller
pour épouser la nuit,
puis on avance
comme si c’était soi qu’on allait quitter.
Fin de nuit
Il reste de la nuit
le rond noir du café dans la tasse.
Et on le boit comme s’il était
la fin de l’obscurité à traverser
pour enfin regarder et aimer la lumière
que le matin verse dans un verre
à côté de la tasse vidée.
L’hirondelle écrit
Trop haut, trop vite le vol de l’hirondelle écrit.
Est-ce un poème qui cherche sa page ? Est-ce
une épitaphe, sur quelle pierre en plein ciel ?
Est-ce une signature au bas d’une lettre que le
vent ne déplie pas ? Est-ce un message urgent
pour qui et pour quoi ?
Déjà l’hirondelle file droit et tire le trait de
l’horizon sur toutes les questions.
Jean-François Mathé, Ainsi va, Rougerie, 2022, pp. 54,55,56.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.