<<Poésie d'un jour
Federico Garcia Lorca par Salvador-Dali 1927
Gacela X
DE LA HUIDA
Me he perdido muchas veces por el mar
con el oído lleno de flores recién cortadas,
con la lengua llena de amor y de agonía.
Muchas veces me he perdido por el mar,
como me pierdo en el corazón de algunos niños.
No hay noche que, al dar un beso,
no sienta la sonrisa de las gentes sin rostro,
ni hay nadie que, al tocar un recién nacido,
olvide las inmóviles calaveras de caballo.
Porque las rosas buscan en la frente
un duro paisaje de hueso
y las manos del hombre no tienen más sentido
que imitar a las raíces bajo tierra.
Como me pierdo en el corazón de algunos niños,
me he perdido muchas veces por el mar.
Ignorante de lagua, voy buscando
una muerte de luz que me consuma.
Gazel X
DE LA FUITE
Je me suis souvent perdu sur la mer,
l’oreille pleine de fleurs récemment coupées,
la langue pleine d’amour et d’agonie.
Souvent je me suis perdu sur la mer,
comme je me perds dans certains cœurs d’enfants.
Il n’est personne qui, donnant un baiser,
ne sent le sourire des gens sans visage ;
il n’est personne qui, touchant un nouveau-né,
n’oublie les crânes immobiles des chevaux.
Car les roses cherchent sur le front
un dur paysage d’os,
et les mains de l’homme n’ont de sens
que d’imiter les racines sous la terre.
Comme je me perds dans certains cœurs d’enfants,
Je me suis souvent perdu sur la mer.
Insoucieux de l’eau, je cherche
une mort de lumière qui me consume.
Federico Garcia Lorca, Divan du Tamarit (1931-1934) suivi de Sonnets de l’amour obscur (1935),
Préambule et traduction de l’Espagnol par Laurence Breysse-Chanet, La Rumeur libre Éditions, 2022, pp.56,57
Voir aussi Federico Garcia Lorca sur → Tdf
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