<< Poésie d'un jour
" Elle dérivait plutôt à cause des photos... "
Photomontage de G.AdC
Une brouette à Chichaoua
Une banale brouette en métal.
On n’est pas loin de Chichaoua
Mais nulle part tout pareil.
Quelqu’un a dessiné
Des éléments d’une photo
Que j’ai prise
Que j’ai prise à cet endroit
Entre la p’tit’ maison
Et la route d’à côté
*
Une photo pour garder quoi ?
Et le dessin
Pour comment penser
A ce qu’on voit
Dans la photo ?
La brouette
Sous la tente.
Comme sans doute
Ca n’est plus le cas
Là-bas, vers Chichaoua.
*
Quelle vérité d’un moment
Dans la vérité du temps ?
À cause d’une vraie brouette, un poème
Passé par le travers
D’une mauvaise photo
(comme aussi un dessin)
Pour transporter à la fin
Que des mots.
Et comment que t’as chaud, lecteur
Dans quel paysage ? On ne voit plus
Que poème et dessin,
Un rêve de brouette. Peut-être rien,
Comme un mirage au loin. (19)
Ce qu’on a roulé dans ce livre ?
Quelqu’un a dessiné des brouettes
À partir de photos prises par quelqu’un d’autre.
Celui qui a pris les photos
S’est aussi coltiné les poèmes
Pas sans plaisir même si
Un travail pas toujours facile
Pour mener la brouette de mots
Au petit tas d’écriture qu’on appelle un poème.
La main qui a dessiné
N’a pas forcément lu en le soulignant du bout d’un doigt
Ce que voudraient dire ces poèmes.
Elle dérivait plutôt à cause des photos.
Et souvent ce que le poème a cru voir
N’a pas été photographié.
On ne sait pas trop comment tout ça
A fini par faire un livre,
Ni ce qui se raconte ou pas
Dans ce livre.
James Sacré, Brouettes, Dessins d’Yvon Vey, Le Carré des lombes, Obsidiane, 2022, pp. 15,16,17, 18, 19 & 45
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J A M E S S A C R É Ph. © olivier roller Source James Sacré sur Terres de femmes → [Dans la pointe exiguë d’un pays qui est de la campagne] (extrait d’Écrire pour t’aimer) → Dans le format de la page (extrait de Le paysage est sans légende) → [Il y a le menhir] (extrait d’Et parier que dedans se donne aussi la beauté) → Figure 42 (poème extrait de Figures qui bougent un peu) → Le désir échappe à mon poème → Je t’aime. On n’entend rien → Parfois → James Sacré, Lorand Gaspar | Dans les yeux d’une femme bédouine qui regarde ■ Voir aussi ▼ → (sur remue.net) James Sacré/Un paradis de poussières (article de Jacques Josse) → (sur Loxias) une bio-bibliographie de James Sacré → (sur le site de Jean-Michel Maulpoix) un article de James Sacré (« Une boulange de lyrisme critique »), texte paru dans la revue Le Nouveau Recueil (éditions Champ Vallon) → (sur Terres de femmes) | rouge | (Angèle Paoli) |
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