<< Poésie d'un jour
Aquatinte numérique originale → G.AdC
Ici
le long le loin
liés.
Vivre – arrivé loin devant
gagné par le printemps visage tendu
il semble que tu-
alors pourquoi ne pas tendre la pierre,
toi premier par la voix qui me traverse ?
La Seine élargie inscrit ton pas sur le sol
blanc comme la porte.
Si tu grondes, si tu-
(je tombe).
Ici déborde, la mer s’est retirée, toi-
fossile, outrage, membres serrés fort,
ne suffit pas
que debout tu t’éloignes. L’horizon,
berceau d’apparence, redresse ton ombre
dans ma voix
même risque si tu-
lapidaire encoche
dans le calcaire.
Ne t’éloigne pas, l’ombre te devance,
elle trace tes pas, sans cesse accroissant
le vertige de craie ( ne te retourne pas).
Tu tiens si loin sur la devise suspendue :
les deux derniers mots, encore une lettre
et tu tomberas.
Si la Seine t’emporte – tu rejoindras la mer.
Ne t’éloigne pas. Ici comble ta loi
d’apparences contraires.
Les aphorismes brisés seront ta cendre
et nous te regarderons marcher
sur le fil facétieux du passé. […]
Moitié perdu, moitié couru : savait
sa fin, sa soif et le perçu vif du passé
dans sa trace. Rouge, hésite
au bord de plus.
Alors cœur perdu planté dans la fleur fanée.
Est-elle tombée plus loin que chacun pour soi ?
Elle vit, recomposée d’instants-pétales.
À mes pieds la fleur orangée triomphe,
le ciel est son captif noir.
Bleu sur mes doigts : tout est passé,
seule elle avance en terre.
Je t’appelle et chevauche la nuit des temps :
restée loin, regardant perdu l’horizon
qui tremble à midi, j’ai posé
quelques gouttes de rosée.
-Serait-ce au matin l’aveu rouge
d’une promesse lointaine
sous le pommier qui fleurit ?
Je recompose
le passage secret où te trouver.
Je l’appelle « coquelicot ».
Isabelle Lévesque, IV, « Ne t’éloigne pas, mon ombre fragile te suit » in Je souffle, et rien. Peintures de Fabrice Rebeyrolle ;
postface de Jean-Marc Sourdillon.
L’Herbe qui tremble 2022, pp.90, 91, 92, 93, 95, 96.
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ISABELLE LÉVESQUE
Source
■ Isabelle Lévesque sur Terres de femmes ▼
→ [Oh, ce désordre de disparaître !] (extrait de Nous le temps l’oubli) → C’est tout c’est blanc → [Entends, c’est jour, la forme aimantée du point] (poème extrait de Ravin des Nuits que tout bouscule) → Chemin des centaurées (lecture de Pierre Dhainaut) → Chemin des centaurées (lecture d’AP) → Mai | La Ronde (extrait de Chemin des centaurées) → [Les feuilles envolées du peuplier] (extrait d’ En découdre) → [Nous vaut la force courant le vent] (poème extrait de Va-tout) → [Oh, ce désordre de disparaître !] (poème extrait de Nous le temps l'oubli) → Nous le temps l’oubli (note de lecture d’AP) → Ossature du silence (note de lecture d’AP) → [Ouvre et lis entre les lignes] (poème extrait du Fil de givre) → Le Fil de givre (lecture d’AP) → Le Fil de givre (lecture de Jean Marc Sourdillon) → [Peine singulière] (poème extrait d’Un peu de ciel ou de matin) → Ravin des Nuits que tout bouscule (note de lecture d’AP) → [Les serments] (poème extrait de Le tue braccia saranno) → Va-tout (note de lecture de Jean-Louis Giovannoni) → Pierre Dhainaut | Isabelle Lévesque | L’origine de l’écriture | [Si léger… tu cours] (extraits de La Grande Année) → Pierre Dhainaut | Isabelle Lévesque, La Grande Année (lecture d’AP) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Territoire → (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait d’Isabelle Lévesque (+ un poème extrait de Va-tout)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de la revue Texture) une recension de Voltige ! par Jean-François Mathé → (sur le site de la revue Terre à ciel) une recension de Voltige ! par Claudine Bohi → (sur La Pierre et le Sel) Isabelle Lévesque, de la terre à la lumière, par Pierre Kobel → (sur Recours au Poème) une notice bio-bibliographique sur Isabelle Lévesque → (sur Recours au Poème) trois lectures de Voltige !, par Hervé Martin, Marie-Hélène Prouteau et Lucien Wasselin
■ Notes de lecture (55) d’Isabelle Lévesque sur Terres de femmes ▼
→ Max Alhau, Les Mots en blanc → Marie Alloy, Cette lumière qui peint le monde → Gabrielle Althen, Soleil patient → Françoise Ascal, Noir-racine précédé de Le Fil de l’oubli → Edith Azam, Décembre m’a ciguë → Gérard Bayo, Jours d’Excideuil → Mathieu Bénézet, Premier crayon → Véronique Bergen, Hélène Cixous, La langue plus-que-vive → Claudine Bohi, Mère la seule → Paul de Brancion, Qui s’oppose à l’Angkar est un cadavre → Laure Cambau, Ma peau ne protège que vous → Valérie Canat de Chizy, Je murmure au lilas (que j’aime) → Fabrice Caravaca, La Falaise → Jean-Pierre Chambon, Zélia → Françoise Clédat, A ore, Oradour → Colette Deblé, La même aussi → Loïc Demey, Je, d’un accident ou d’amour → Sabine Dewulf, Et je suis sur la terre → Pierre Dhainaut, Après → Pierre Dhainaut, Ici → Pierre Dhainaut, Progrès d’une éclaircie suivi de Largesses de l’air → Pierre Dhainaut, Vocation de l’esquisse → Pierre Dhainaut, Voix entre voix → Armand Dupuy, Mieux taire → Armand Dupuy, Présent faible → Estelle Fenzy, Rouge vive → Bruno Fern, reverbs phrases simples → Élie-Charles Flamand, Braise de l’unité → Aurélie Foglia, Gens de peine → Philippe Fumery, La Vallée des Ammeln → Laure Gauthier, kaspar de pierre → Raphaële George, Double intérieur → Jean-Louis Giovannoni, Issue de retour → Cécile Guivarch, Sans Abuelo Petite → Cécile A. Holdban, Poèmes d’après suivi de La Route de sel → Sabine Huynh, Les Colibris à reculons → Sabine Huynh, Kvar lo → Lionel Jung-Allégret, Derrière la porte ouverte → Mélanie Leblanc, Des falaises → Gérard Macé, Homère au royaume des morts a les yeux ouverts → Béatrice Marchal, Un jour enfin l’accès suivi de Progression jusqu’au cœur → Jean-François Mathé, Retenu par ce qui s’en va → Dominique Maurizi, Fly → Dominique Maurizi, La Lumière imaginée → Emmanuel Merle, Dernières paroles de Perceval → Nathalie Michel, Veille → Isabelle Monnin, Les Gens dans l’enveloppe → Cécile Oumhani, La Nudité des pierres → Emmanuelle Pagano, Nouons-nous → Hervé Planquois, Ô futur → Sofia Queiros, Normale saisonnière → Jacques Roman, Proférations → Pauline Von Aesch, Nu compris
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