<<Poésie d'un jour
Aquatinte originale de → G.AdC
Le Soleil
J'ai entendu parler de poissons
qui pour le soleil firent surface
et s’attardèrent,
flanc contre flanc,
des myriades qui jamais ne redescendirent,
vidés de leur superbes
taches et solitude.
Je pense aux mouches
qui sortent de leurs grottes infectes
pour pénétrer dans l’arène.
Transparentes au début,
elles se révèlent bleues, aux ailes cuivrées.
Elles scintillent sur le front des hommes.
Ni volatiles ni funambules,
elles se dessècheront comme de petits souliers noirs.
Je suis un être tout à fait semblable.
Rendue malade par le froid et l’odeur de la maison,
je me déshabille sous la lampe brûlante.
Ma peau s’étale comme de l’eau de mer.
Ô œil jaune,
laisse-moi m’enivrer de ta chaleur,
laisse-moi m’enfiévrer et me froncer.
A présent je suis totalement offerte.
Je suis ta fille, ta sucrerie,
ton prêtre, ta bouche et ton oiseau
et je leur raconterai toutes les histoires sur toi
jusqu’à ce que l’on me range pour toujours,
telle une mince banderole grise.
Mai 1962
Anne Sexton, Tu vis ou tu meurs, Œuvres poétiques (1960-1969),
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh, Préface de Patricia Godi,
Éditions des femmes Antoinette Fouque, 2022, pp.212, 213.
© Everett Collection/Abacapress.com
The sun
I have heard of fish
coming up for the sun
who stayed forever,
shoulder to shoulder,
avenues of fish that never got back,
all their proud spots and solitudes
sucked out of them.
I think of flies
who come from their foul caves
out into the arena.
They are transparent at first.
Then they are blue with copper wings.
They glitter on the foreheads of men.
Neither bird nor acrobat
they will dry out like small black shoes.
I am an identical being.
Diseased by the cold and the smell of the house
I undress under the burning magnifying glass.
My skin flattens out like sea water.
O yellow eye
let me be sick with your heat,
let me be feverish and frowning.
Now I am utterly given.
I am your daughter, your sweat-meat,
your priest, your mouth and your bird
and I will tell them all stories of you
until I am laid away forever,
A thin gray banner.
May 1962
Anne Sexton, "Live or Die" (1966) in The complete Poems, foreword by Maxime Kumin; Mariner Books,1999, pp.96, 97.
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A N N E S E X T O N
Source
■ Anne Sexton
sur Terres de femmes ▼
→ Anne Sexton | Elisa Biagini | Due mani... Due voci
→ Anne Sexton, Tu vis ou tu meurs, Œuvres poétiques (1960-1969),
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh, Préface de Patricia Godi,
Éditions des femmes Antoinette Fouque, 2022, pp.212, 213.
■ Voir | écouter aussi ▼
→ (sur YouTube) Anne Sexton lisant le poème ci-dessus : « Her Kind », 1966 (The Poetry Center and American Poetry Archives at San Francisco State University)
→ (sur YouTube) Short clips of Anne Sexton reciting some poetry and excerpts from home movies
→ (sur YouTube) Anne Sexton at home - 1 (VOSE)
→ (sur YouTube) Anne Sexton at home - 2 (VOSE)
→ (sur Poetry Foundation) une page sur Anne Sexton
→ (sur anne-sexton.blogspot.fr) de nombreux poèmes (12) d'Anne Sexton (+ leur traduction en français par Michel Corne)
→ (sur le blog Quelques pages d’un autre livre ouvert) une bio-bibliographie (en français) d'Anne Sexton
→ (sur PoemHunter.com) Poems of Anne Sexton
→ (sur lyrikline blog) Readings to remember: Anne Sexton
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