<< Poésie d'un jour
"Ces grandes peintures énigmatiques"
Ph. Mario Ruspoli, Lascaux, Un nouveau regard
Bordas 1986
NUIT PEUPLÉE D’ARDOISES
Nuit peuplée d’ardoises
dans l’ombre des sous-bois et des détresses
l’homme interroge la matière
figures géométriques, répétitions
Il n’est d’autres signes que ces rythmes
Aux lointains du monde
l’union avec la matière passe par le corps
Ce qui devance un tracé de lumière :
une ligne de foudre
Cheval brun galopant, cheval brun s’effondrant
C’était au temps
où les bêtes jetaient des sorts
Éclosion miraculeuse :
sous l’agile des mains
les formes hâtent leur apparence
forent à travers le silence
Ces grandes peintures énigmatiques
Incantations végétales, animales, humaines
fragiles comme l’argile
s’ouvrent dans le noir
déplient l’abîme
de solitude
L’angoisse est profonde
sous tous les angles
que savons-nous des hommes ?
de nous sous une autre forme ?
Troupeaux irisés de prodiges
dans la ronde se poursuivent des cerfs
L’énorme espace autour des têtes
Tête surtout Têtes partout
Jaunes Ocres
Rousses
Á la pointe du risque où tout s’efface
la lance déchire sa proie
Animaux du cri
qui ne disent plus leur nom
de quels colliers d’os seront serties nos noces ?
Ces entailles, ces blessures
est-ce de là, la beauté ?
lecture poétique de Constance Chlore
29 juin 2017, Citadelle de Bastia, piazza Santa Croce
Ph. angelepaoli
Constance Chlore, L'air respirait comme un animal, Poésie, Éditions Unicité, Collection Le Vrai Lieu, 2021, pp.13,14
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C O N S T A N C E C H L O R E
■ Constance Chlore |
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