In memoriam Jeanine Baude
écrire au quotidien les parois de verre les assauts le givre
croire au plus loin de soi l’océan sa mesure revenus
sur l’immense et voguant
sur l’arche des mots
la Terre à ton chevet l’univers ta poussière mêlés
scories sans lumière ou lumières sans scorie dans
l’errance la ligne de fuite
le parcours acéré de l’écrit
probable l’étreinte probable l’éreintement
tu survis au soleil sous le vent qui contourne les îles
essaimées de l’azur
le noir et blanc d’une durée prononcée
et qui se cherche dans le rythme de tes pas l’herbe que tu
fouettes la rivière qui longe les versets de tes psaumes
tu prends au centre le chemin choisi
la fureur te malmène tu avances dans la révolte le sensuel
le désirant la cognée
tu avances au large des pluies tu sillonnes ce vaste les blés
sur le crépuscule l’ornière te dévoie
tu reprends ta route
tu accostes sur la parcelle le muret de tes jours si
l’éternité n’est guère plus longue que la vie ton sillage creuse
ce qui vient
une maison une saison
une glycine sous l’auvent de tes gestes d’enfant
partout comme ici même le chant
couleur café couleur cordages couleur serpent poudres
et pigments même dans le fervent
l’appel de la note le bond du jaguar
les oiseaux incendiaires l’insensé désert son reflet sur
la couche de l’aimé
sans que rien non rien ne puisse t’arrêter
Jeanine Baude, Juste une pierre noire, Éditions Bruno Doucey 2010, pp.93,94
JEANINE BAUDE Source ■ Jeanine Baude sur Terres de femmes ▼ → C’est affaire de corps → [Dans la démesure des torrents] → Oui (lecture d’Angèle Paoli) → Ô, solitude, l’île (extrait de Oui) → Jeanine Baude & David Hébert, Ouessant (lecture d’Angèle Paoli) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature]) une fiche bio-bibliographique sur Jeanine Baude → (sur le site des éditions Voix d’encre) la page de l’éditeur consacrée à Aveux simples → (sur le site des éditions La rumeur libre) la page de l’éditeur consacrée à Jeanine Baude |