<<Poésie d'un jour
Ph. Angèle Paoli
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Mon frère l’abîme, ma sœur la cascade,
ma mère roselière pour la hutte, mon père lichen
sur des rochers de rouille, son père à lui, famille des poissons,
forme aquatique pulmonée comme toi.
Nul ne nous a conçus, nous étions les gravats
de la prime seconde, nous étions là dès
le début. Ensuite seulement nous avons eu des âmes et
le loisir d’écrire. Ils sont à nous, les mots
de pierre et d’eau. Jamais nous n’avons
renié nos origines, nous sommes ce qui est,
nombres suivis d’un néant à leur fin. Quelqu’un jeta jadis
une pierre dans l’eau, ces cercles qui s’étendent encore
et toujours, c’est nous.
Cees Nooteboom, L’œil du moine suivi de Adieu,
Poèmes traduits du néerlandais (Pays-Bas) par Philippe Noble,
dessins de Max Neumann, Actes Sud 2021, p. 34.
L’écrivain néerlandais Cees Nooteboom
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