Une promenade du 13 juillet Veille d’un grand jour de fête, tout est très animé, très bruyant, avec du monde absolument partout, certains littéralement dansent dans les rues — c’est vraiment très agréable. Je prends une rue particulièrement bondée, sans voiture — pas de place pour elles — mais dans laquelle un jeune couple tente de manœuvrer une poussette où est assise une petite fille très malheureuse, trois ans peut-être, qui pleure à chaudes larmes tout en étreignant un chat. Un chat très patient dont elle se frotte les yeux pour sécher ses larmes, puis pleure de plus belle, tandis que le chat la regarde droit devant lui. Sebald : Les Anneaux de Saturne De Southwold à Walberswick Comment passons-nous si doucement des obsèques du père de Joseph Conrad à une tyrannique impératrice chinoise puis aux nerfs torturés du pauvre Swinburne ? Seul le paysage peut accomplir cela ; quand le paysage est intériorisé, il transporte toute la diversité historique inscrite en lui. Il regardait par-delà les marais piétinés, et les armées — il y a toujours des armées — se mettent en route à pied bien sûr, au pas, et chaque fois qu’elles abordent au pont, elles doivent rompre la cadence par ce que , comme chacun sait, un rythme régulier brise les fibres, même celles de la pierre, et « toutes s’écroulent, en malachite, lapis-lazuli, en émeraude d’une nuance inouïe et en versants de conifères. Pour tout dire, depuis quelque temps déjà nous sommes allés d’excès en excès — le nombre de personnes emmenées en esclavage lors de « l’ouverture » du Congo n’étant dépassé que par celui des plus beaux chevaux alignés dans les écuries de Kubilaï Khan. En bref, le chemin de Southwold à Walberswick serpente au travers d’un bon gros morceau d’Asie avant de brusquement déboucher sur la troisième école de pensée dédiée à la Cité de Dieu.
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