II.
à Fabienne Vallin.
Tu as cru que les vitres
portaient en elles l’espace
et qu’il te suffisait de les toucher
pour ne plus être enfermé.
Tu as cru que les vitres
t’accueilleraient en elles
pour te donner ce corps
qui sans cesse bouge au fond de toi
et ne sort pas.
Tu as cru enfin
que dans la transparence des vitres
le monde viendrait attendre ton envol.
Vitres
qui n’ouvrez que sur ce qui sépare
s’éloigne
s’exile.
Vitres
sur les visages des êtres aimés
sur les paysages
sur les choses.
Où tout reste enfermé en lui-même
là où aucune main ne sait ouvrir.
Ces paysages
prisonniers des vitres
et à jamais ouverts dans la transparence.
Mais à peine venus au regard
et déjà clos.
Tu sais maintenant que même si les vitres s’ouvraient
tu resterais au fond de ta chambre
et n’irais pas vers ce qui t’appelle.
Un peu comme ces oiseaux
qui après avoir volé toute une vie
pour trouver un passage dans l’espace
finissent par ne plus voler qu’en eux-mêmes.
rue de Saintonge.
Jean-Louis Giovannoni, Le Visage volé, Poésies complètes 1981-1991, Vignette de couverture de Jaume Plensa, Préface de François Heusbourg, Livre dédié à la mémoire de Jean-Pierre Sintive (1955-2021), Éditions Unes 2021, pp.75,76,77.
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