Le chansonnier demeure un arbre maître chanteur et enchanteur
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CHANSONNIER : ARBRE LYRIQUE
Dès la fin du Moyen Âge, c’est le bois du chansonnier qui a fourni la pâte à papier dont on fit les premières pièces lyriques.
Le chansonnier est donc un arbre doux, mélodieux, sans fausse note ni chagrin, à anches, claviers et pédales, dissimulant, dans ses branchages, des instruments aussi insolites qu’un julophone, un souchophone, un brellophone, un grécophone. En cherchant bien, on peut même trouver un cymbalier, parasite fort bien supporté par la plante mère, qui forme, çà et là dans la ramure, de jolis bouquets sonores très convoités.
Les branches du chansonnier ont l’air de portées musicales. Ses fleurs blanches et ses baies noires figurent les notes d’une partition invisible, chantée par les oiseaux choristes, avec alouettes en solo.
Le chansonnier possède une mémoire d’éléphant. Son répertoire est des plus vastes, allant de Tombe la neige ou La Bohème à C’est extra en passant par Boum ! Il peut, moyennant une piécette glissée dans la fente de son tronc, interpréter n’importe quel succès d’hier ou d’aujourd’hui.
On le dit passé de mode. Ineptie ! Les fruits du chansonnier n’ont pas d’âge ou, plus exactement, ils ont celui de leurs interprètes et de leur public. Certains les adaptent au goût du jour ; d’autres les conservent tels quels : pur fruit, pur sucre.
C’est sous le couvert d’un chansonnier qu’eurent lieu les premiers concerts publics qui ont donné naissances aux kiosques à musique, puis aux festivals…
Le chansonnier demeure donc, de génération en génération, un arbre maître chanteur et enchanteur !
Béatrice Libert, Arbracadabrants, éditions Le Taillis Pré, Collection Les Inclassables, 2021, pp. 28-29. Avant-dire d’Éric Brogniet.
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