HYGIENE DER ANGST II
hier: schoenheit ist am ernsthaftesten : grundlos.
weißgefliest-aengstlich schweben kristalle ins meer hinaus,
umspuelen reglose glaswaende die flocken
hier: schoenheit ist am ernsthaftesten : grundlos,
die weiße angst zu verhaengen, schneiend-schwarz
erzittert und zerfaellt die erwartung der tiere
HYGIÈNE DE LA PEUR II
ici : la beauté est la plus sérieuse : sans raison.
peureusement carrelés de blanc des cristaux flottent vers le large,
les flocons baignent des parois de verre immobiles
ici : la beauté est la plus sérieuse : sans raison,
pour masquer la peur blanche, noires neigeuses
tremblent et se décomposent les attentes des animaux
HYGIENE DER ANGST III
eingaenge, solovki, tiefschwarzes licht, signal der stadt.
opalisierend, solovki, gesichter, laute endlosigkeiten,
wenn alles einfiel, solovki, vielleicht, zuletzt zuckte es
keine ausgaenge, solovki, tiefschwarzes licht, signal der stadt,
augopal, solovki, gesichter, wenn nach lauter endlosigkeiten alles
einfiel, solovki, vielleicht aug in auge
HYGIÈNE DE LA PEUR III
entrées, solovki, lumière d’un noir profond, signal de la ville.
opalisant, solovki, visages, infinités à forte résonance,
quand tout s’effondra, solovki, peut-être, pour finir cela tressaillit
pas de sorties, solovki, lumière d’un noir profond, signal de la ville,
opale de l’œil, solovki, visages, quand à force d’infinités tout
s’effondra, solovki, peut-être les yeux dans les yeux
HYGIENE DER ANGST IV
schwarze spitzen, weiß linien, russland, so hilflos zieht
stille ein, die namen getraenkt, ende der waelder,
es fehlte immer eine hand, versunken im pelz
schwarze spitzen, weiße linien, da warst du, so hilflos zog
stille in dich ein, in namen und waelder,ferne,
es fehlte immer eine hand, versunken im schnee, solovki
HYGIÈNE DE LA PEUR IV
pointes noires, lignes blanches, russie, désemparé s’installe
le silence, les noms abreuvés, fin des forêts,
il manquait toujours une main, engloutie dans la fourrure
pointes noires, lignes blanches, tu étais là, désemparé s’installait
le silence en toi, dans les noms et les forêts, lointains,
il manquait toujours une main, engloutie dans la neige, solovki
Anne Seidel, Khlebnikov pleure [Chlebnikov weint, Poetenladen, Leipzig, 2015], II, III, IV, éditions Unes, 2020, pp. 36-41. Traduit de l’allemand par Laurent Cassagnau.
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