IL MORSO CHE TI SPEZZA
Tutta la casa, all’angolo di un vicolo strettissimo,
lascia presagire un mondo prodigioso, con quelle figure
sulle pareti, il Matto, i Trionfi, il Buffone tormentato
dai bambini, con quelle monete per terra,
centinaia di monete, quelle scritte a caratteri amaranto,
che sembrano di sangue ; il Ristagno, l’Oscuramento,
la Preponderanza del Piccolo. Ma su una ti fermi,
ti fermi per un intero minuto simile all’inferno
e precipiti nel baratro dei gufi, odi una lontana melodia
di amori contrastati, un assedio di tutti i volti persi,
una voce rimasta sola che ripete il numero ventuno,
il numero delle antiche partite, il numero felice
che tuttavia può dare la morte, il numero della belva
e dell’attacco improvviso, il Morso che ti spezza.
Milo De Angelis, Linea intera, linea spezzata, Mondadori, Collezione Lo Specchio, gennaio 2021, pagina 16.
LA MORSURE QUI TE DÉCHIRE
La maison tout entière, à l’angle d’une ruelle très étroite,
laisse présager un monde prodigieux, avec ces figures
sur les murs, le Fou, les Triomphes, le Bouffon tourmenté
par les enfants, avec ces pièces de monnaie par terre,
des centaines de pièces, celles frappées en caractères amarante,
qui semblent de sang : la Stagnation, l’Opacité,
la Prédominance du Petit. Mais sur l’une d’elles tu t’arrêtes,
tu t’arrêtes une minute entière semblable à l’enfer
et tu tombes dans le gouffre des hiboux, tu entends une mélodie lointaine
d’amours contrastées, une offensive de tous les visages perdus,
une voix restée isolée qui répète le numéro vingt-et-un,
le numéro des anciens matchs, le numéro heureux
qui peut pourtant donner la mort, le numéro des fauves
et de l’attaque imprévue, la Morsure qui te déchire.
Milo De Angelis, Ligne continue, ligne brisée. Traduction inédite de Sylvie Fabre G. et d’Angèle Paoli. |
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