DUE VOCI
Dicono : siete sud. No, veniamo dal parallelo grande,
dall’ equatore centro della terra.
La pelle annerita dalla più dritta luce,
ci stacchiamo dalla metà del mondo, non dal sud.
A spinta di calcagno sul tappeto di vento del Sahara,
salone di bellezza della notte, tutte le stelle appese.
L’acqua sopra una spalla, il fagotto sull’altro
mantello, camicia e libro di preghiere.
Il cielo è dritto, un cammino segnato,
più breve della terra saliscendi.
A sera ricuciamo il cuoio dei sandali col filo di budello
e l’ago d’osso, ogni arnese ha valore, ma di più il coltello.
Signore del mondo ci hai fatto miserabili e padroni
delle tue immensità, ci hai dato pure un nome per chiamarti.

DEUX VOIX
On dit : vous êtes le Sud. Non, nous venons du grand parallèle,
de l’équateur centre de la terre.
La peau noircie par la plus directe lumière,
nous nous détachons de la moitié du monde, non pas du Sud.
Par poussée de talon sur le tapis de vent du Sahara,
salon de beauté de la nuit, toutes les étoiles en suspens.
L’eau sur une épaule, le baluchon sur l’autre,
manteau, chemise et livre de prières.
Le ciel est droit, un chemin tracé,
plus court que la terre vallonnée.
Le soir nous recousons le cuir de nos sandales avec du fil de boyau
et une aiguille en os, chaque outil a une valeur, mais le couteau plus encore.
Seigneur du monde, tu nous as faits misérables et maîtres
de tes immensités, tu nous as même donné un nom pour t’appeler.
Erri De Luca, Aller simple [Solo andata, Giangiacomo Feltrinelli Editore, Milano, 2005], édition bilingue, éditions Gallimard, Collection Du monde entier, 2012, pp. 16-17 ; Collection Poésie/Gallimard, 2021, pp. 18-19. Poèmes traduits de l’italien par Danièle Valin.


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