Milan royal [filanciu], Corsica Source LE MILAN Il est apparu très haut sous le plafond gris des nuages, un milan. Il planait lentement, un seul trait noir, comme s’il voulait nous couver et nous guider, nous faire savoir qu’il était là, lui qui jamais ne se montre, nous rassurer, simple parole sans autre signification que celle-ci : je suis là. Et c’était comme si un chuintement glissait dans le ciel mouillé, comme si quelqu’un s’essayait à chanter sans y parvenir mais chantait quand même par cette absence à la place de sa voix, par le glissement mouillé de son vol dans le silence des nuages, comme si quelqu’un chuchotait d’à la fois très proche et très lointain, nous suggérait son secret sans vraiment nous le dire et que cela suffisait, nous suffirait pour toujours, nous donnerait assez de courage pour repartir, pour vivre tout ce qui nous restait à vivre, oiseau aperçu très haut, dans l’intervalle et la rupture, oiseau aimé, oiseau lointain. Jean Marc Sourdillon, « La déhiscence », L’Unique Réponse, poèmes, éditions Gallimard, Collection Blanche, 2020, page 11. |
JEAN MARC SOURDILLON Source ■ Jean Marc Sourdillon sur Terres de femmes ▼ → On naît (autre poème extrait de L’Unique Réponse) → Comme des frères → [Cet imperceptible oiseau très loin] (extrait de Dix secondes tigre) → Au commencement (extrait des Miens de Personne) → [Deux fois l’an, pendant l’été] (extrait d’En vue de naître) → Les Tourterelles (lecture d’AP) ■ Voir aussi ▼ → une lecture de L’Unique Réponse par Jean-Michel Maulpoix [PDF] ■ Note de lecture de Jean Marc Sourdillon sur Terres de femmes ▼ → Isabelle Lévesque, Le Fil de givre |
Retour au répertoire du numéro de novembre 2020
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.