TREIZIÈME POÈME Fragments (extrait) J’épie, en faveur de la Nuit, un oiseau noir et blanc, une pie. J’épie, ô univers, un oiseau noir et blanc qui m’épie. L’ombre est divine… elle devine mes rivaux : Les derniers sangliers, la sanglante forêt, et les derniers chevaux ! Semblable aux meutes des feuillages qu’un dieu tourmente, J’écoute, et les oiseaux écoutent, l’unique voix véhémente. Partout une promesse approfondit l’hymne de l’air. Solitaire, je me confonds à la disparition de l’éclair. Mon âme est accordée à l’ordre des choses. Qu’importe Si la pluie en novembre abîme un peu le toit, arrache un peu la porte ! Mon âme seule… Ainsi les arbres absolus, En s’insurgeant contre la mer, ne s’insurgent qu’en vain contre ce qui n’est plus. Un Nom toujours nouveau a consacré ma bouche indigne. D’autres signes que le Soleil gravitent autour du Signe. Je dispute l’Espace à la ténuité des torrents… Des feux très solennels font les feuillages transparents. L’univers est une prairie incomparable… Les beaux chemins égaux qui couraient à la mer première, Les roseaux, et le fleuve, s’inclinent sous la Lumière. Rivages, je vivrai ! l’abîme a l’éclat de l’Esprit. Je sonde l’Océan, où l’antique Soleil s’inscrit. Une vague me jette un bâton. Je dresse un mât de fortune. Dans les pierres je sens blanchir comme une voile opportune. Debout, je vois les monts ! Debout. Les vaisseaux et les mers, |
PIERRE OSTER (1933-2020) Pierre Oster sur Terres de femmes ▼ → La Grande Année, Dix-septième poème → La Grande Année, Dix-neuvième poème (+ une notice bio-bibliographique) Voir aussi ▼ → (sur Recours au Poème) Pierre Oster, à jamais Paysage du tout poétique |
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