Le 29 octobre 1930 naît à Neuilly-sur-Seine Niki de Saint Phalle, plasticienne, sculptrice, peintre, « performeuse » artistique et cinéaste.
Catherine Marie-Agnès de Saint Phalle, dite Niki de Saint Phalle, est le second enfant d’une fratrie de cinq. Née d’une mère américaine (Jeanne-Jacqueline Harper) et d’un père français, Niki de Saint Phalle est d’origine aristocrate par son père, André Marie Fal de Saint Phalle, issu de la vieille chevalerie bourguignonne. Banquier ruiné par le krach boursier de 1929, son père a une réputation de grand coureur. Comme Niki de Saint Phalle le révélera dans Mon secret (1994), il viole sa propre fille, alors âgée de onze ans. Un traumatisme dont Niki de Saint Phalle se remettra partiellement grâce à son engagement artistique. Artiste autodidacte, Niki de Saint Phalle confia un jour :
« J’ai eu la chance de rencontrer l’art, parce que j’avais, sur le plan psychique, tout ce qu’il faut pour devenir terroriste. Au lieu de cela j’ai utilisé le fusil pour la bonne cause, celle de l’art. »
Intitulées Tirs, ses premières œuvres, « performances » réalisées à la carabine, ont une fonction cathartique. Cherchant à se libérer de sa propre violence, l’artiste fait exploser des pots de peintures disposés au-dessus des toiles. Les couleurs se répandent ainsi par dégoulinures aléatoires. Cette démarche originale révèle la jeune femme auprès d’artistes contemporains comme Bob Rauschenberg et Jasper Johns, maîtres de l’avant-garde américaine issue du Black Mountain College.
Dès 1960, Niki de Saint Phalle acquiert une notoriété internationale. Peu auparavant, Niki de Saint Phalle a fait la rencontre de Jean Tinguely. Cette rencontre va profondément transformer la vie des deux artistes. L’artiste suisse incitant Niki à rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, dont il fait lui-même partie. Fondé en 1960 par le critique d’art Pierre Restany, ce mouvement, qui compte déjà parmi ses membres les plus connus Yves Klein, César, Gérard Deschamps, Mimmo Rotella, Arman, Christo... , se donne pour projet d’entreprendre « un recyclage poétique du réel urbain, industriel et publicitaire. »
En février 1961, l’artiste organise, impasse Ronsin à Paris, une exposition intitulée « Feu à volonté ». Les artistes présents sont invités à « faire saigner la peinture » sur des tableaux-cibles qu’elle a elle-même sélectionnés. Une manière pour Niki de Saint Phalle de se rebeller contre les diktats et les injustices de la société, de la famille et de la religion… Parmi les artistes invités à cette fête du tir : Bob Rauschenberg, Jasper Johns et Jean Tinguely.
Mariée depuis 1949 à Harry Mathews, avec qui elle a deux enfants, Niki de Saint Phalle, séparée de son premier époux depuis 1960, épouse en 1971 Jean Tinguely. Leur vie commune, partagée entre passion amoureuse et passion de l’art, durera vingt ans. Ensemble, ils réalisent des sculptures monumentales qu’ils installent dans des parcs. Ainsi, en Toscane, le « Jardin des Tarots ». En 1983, ils créent tous deux à Paris la « Fontaine Stravinsky » (dite aussi « Fontaine aux automates »), installée à Beaubourg.
Féministe engagée, luttant contre toutes les formes de racisme et d’oppressions, Niki de Saint Phalle n’a eu de cesse de mettre en œuvre ses combats. Ses Nanas rebondies et rutilantes en sont un exemple. Libérées des contraintes du mariage et des assujettissements qu’il engendre, elles sont légères et joyeuses. Libres d’être enfin elles-mêmes.
Au lendemain de la mort de Jean Tinguely (1991), Niki de Saint Phalle défend activement l’œuvre de l’artiste suisse. Elle participe notamment à la création du Musée Tinguely, inauguré à Bâle en 1996, auquel elle fait don d’une de ses Nanas les plus emblématiques : « Gwendolyn ».
Niki de Saint Phalle meurt le 21 mai 2002 à La Jolla (comté de San Diego, Californie).
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