IVRESSE DE L’EFFACEMENT, 3
Et toi Al Gharabli,
L’anéantissement vogue doucement
dans la prairie d’une joue
La chute commence par le haut
d’un grain de beauté
jusqu’à la douceur d’une lèvre
La mort déambule entre le beurre
frais d’un visage et le rouge d’une terre
Le chant autour de toi ne peut être
arrêté par la douceur de son cou
L’amertume ne vient
qu’après la soie d’une blancheur
et l’or d’une main
La lamentation quand elle s’élève
ne se guérit pas par l’ivresse
d’un œil et la bougie d’un front
Tu montes les échelles d’un visage
et tu tombes dans le fond
d’un poème
Tu montes l’arbre de l’énoncé
et tu dors sous l’orange
d’une poitrine
Mais que doit-il rester de toi
pour que quelque chose reste de toi ?
Les conteurs eux-mêmes fuient
ta tombe
Les oiseaux emportent les cheveux
des filles de tes mots
Même la terre
n’est pas attirée
par la pâleur de ton visage
Quand le bois de ton nom
se tord
sous le froid d’un automne
Abdallah Zrika, Ivresse de l’effacement, éditions Méridianes, Collection Liber N° 22, 34000 Montpellier, 2020, pp. 16-17. Gravures originales de Rachid Koraïchi. Texte traduit de l’arabe par l’auteur en collaboration avec James Sacré et Pierre Manuel.
|
Retour au répertoire du numéro d’octobre 2020
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.