Migrant,
voyageur immobile, amarré
mais sans ancre,
arbre,
tu es saisi dans ta marche,
toujours je fais le premier pas vers toi.
Il me semble pourtant que parfois
tu te penches, même tu t’approches,
certains soirs d’été quand l’ombre des choses
devient immense,
ou des jours de février — l’air
est alors si sec, si coupant, que ta branche
casse comme un bras gelé.
Tu as des gestes perdus, des contradictions :
c’est ta mémoire qui veut dire,
une sève d’un pays ancien.
Emmanuel Merle, « Le livre de l’arbre », Habiter l’arbre, éditions Voix d’Encre, 2020, page 58. Encres d’Élisabeth Bard.

|
Commentaires