Source ΑΥΤΟΣΥΝΤΗΡΗΣΗ Θά πρέπει νά ῾ταν ἄνοιξη γιατί ἡ μνήμη αὐτή ὑπερπηδώντας παπαροῦνες ἔρχεται. Ἐκτός ἐάν ἡ νοσταλγία ἀπό πολύ βιασύνη, παραγνώρισ᾿ ἐνθυμούμενο. Μοιάζουνε τόσο μεταξύ τους ὅλα ὅταν τά πάρει ὁ χαμός. Ἀλλά μπορεῖ νά ῾ναι ξένο αὐτό τό φόντο, νά ῾ναι παπαροῦνες δανεισμένες ἀπό μιάν ἄλλην ἱστορία, δική μου ἢ ξένη. Τά κάνει κάτι τέτοια ἡ ἀναπόληση. Ἀπό φιλοκαλία κι ἔπαρση. Ὅμως θά πρέπει νά ῾ταν ἄνοιξη γιατί καί μέλισσες βλέπω νά πετοῦν γύρω ἀπ᾿ αὐτή τή μνήμη, μέ περιπάθεια καί πίστη νά συνωστίζονται στόν καλύκά της. Ἐκτός ἂν εἶναι ὁ ὀργασμός νόμος τοῦ παρελθόντος, μηχανισμός τοῦ ἀνεπανάληπτου. Ἂν μένει πάντα κάποια γῦρις στά τελειωμένα πράγματα γιά τήν ἐπικονίαση τῆς ἐμπειρίας, τῆς λύπης καί τῆς ποίησης. Κική Δημουλά, Το λίγο του κόσμου, εκδόσεις Νεφέλη, Ἀθήνα, 1971, 1983 ; εκδόσεις Στιγμή, 1990. AUTOCONSERVATION Ce devait être le printemps, car cette mémoire arrive enjambant les coquelicots. À moins que la nostalgie dans sa hâte n’ait méconnu le souvenir. Tout se ressemble tant lorsque la perte s’en empare. Mais le souvenir peut être exact le fond étranger et les coquelicots empruntés à une autre histoire, mienne ou étrangère. La réminiscence en est bien capable par amour du beau et arrogance. Mais ce devait bien être le printemps car je vois des abeilles voler autour de cette mémoire, affectueuses et fidèles se presser sur son calice. À moins que ce ne soit l’orgasme loi du passé, mécanisme de l’irréitérable. Et qu’il reste toujours quelque pollen dans les choses finies pour la pollinisation de l’expérience, de la tristesse et de la poésie. Kiki Dimoula, Le peu du monde in Du peu du monde et autres poèmes, édition bilingue, La Différence, Collection Orphée dirigée par Claude Michel Cluny, 1995, pp. 28-31. Choix, traduction du grec et présentation par Martine Plateau-Zygounas. ___________________ Ci-dessous, une traduction du même poème par Michel Volkovitch : AUTOCONSERVATION Ce devait être le printemps car le souvenir qui arrive saute par-dessus les coquelicots. Sauf si la nostalgie dans sa hâte, a mal vu le souvenu. Tout se ressemble tant au moment de la perte. Mais la mémoire est peut-être exacte et ce fond étranger, et les coquelicots issus d’une autre histoire, mienne ou étrangère. La mémoire fait des coups pareils. Par amour du beau et par vanité. Pourtant ce devait être au printemps car je vois aussi des abeilles voler autour de ce souvenir, et s’entasser avec foi et passion dans son calice. Sauf si l’orgasme est une loi du passé, un mécanisme de l’unique. Et s’il reste toujours du pollen dans les choses achevées pour la fécondation de l’expérience, de la tristesse et du poème. Kiki Dimoula, Le Peu du monde [Το Λίγο του κόσμου, Ἀθήνα, 1971] in Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2010, pp. 26-27. Traduit du grec par Michel Volkovitch. |
KIKI DIMOULA (1931-2020) Source ■ Kiki Dimoula sur Terres de femmes ▼ → La pierre périphrase (autre poème extrait du Peu du monde) → Temps allongé (poème extrait de Mon dernier corps) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site de Michel Volkovitch) d'autres poèmes de Kiki Dimoula → (sur Poetry International) dix poèmes de Kiki Dimoula → (sur Lumière des jours, le blog de Jacques Ancet) un article de Jacques Ancet (« Tristesse de fond ») sur la poésie de Kiki Dimoula → (sur le site du Σπουδαστήριο Νέου Ελληνισμού/Center for Neo-Hellenic Studies) trois poèmes de Kiki Dimoula (dont Ο πληθυντικός αριθμός) dits par elle-même |
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