TESTAMENT QUOTIDIEN Ph., G.AdC Je raconte une gare un fleuve une guitare Une mansarde vague un arbre un matin nu Haute mélancolie de la pluie sur la mer Une seconde à peine de conscience ardente Je raconte à voix ivre le rouge et le noir Fenêtre délirante ouverte sur le large Ô mon identité soumise aux quatre vents Cortège quotidien dont retombe la cendre Je vous dirai un pan de mur un gazomètre Un cheval maigre une lessive sur un fil Et comment s’acheva le voyage d’Ulysse Sur une île perdue dans la fumée d’hiver Je vous dirai encore une hirondelle morte Un crime en banlieue nord le bleu d’une anémone Je vous dirai encor une aube d’amour triste Et le jour fermera ses volets de nuages En vain je traduirai le cri du mâchefer Le spasme du poisson qu’on jette sur l’évier En vain le bruissement de l’herbe après la pluie La parole s’envole et l’angoisse demeure Enfant instantané de l’ombre et du soleil N’ai-je vécu en tout que ce peu de clarté Une seconde à peine de mémoire ardente Toute une éternité de légende inavouable EVERYDAY TESTAMENT I write about a station or a river a guitar A hazy attic room a tree a naked morning The melancholy sweep of raina cross the sea Scarcely a second’s burning consciousness In a drunken voice I tell about the red and black The raving window open to the waves Oh my identity that’s buffeted this way and that The daily slow procession’s falling ash I’ll give you a gasometer a norrow width of wall A skinny horse a wash hung out to dry The ending of the travels of Odysseus On a far island lost in winter smoke I’ll tell you also of a swallow’s death The blue of an anemone a crime in suburbs to the north And the I’ll tell you a sad dawn of love And day will close its shutters made of cloud In vain I shall translate the cinders’rasp The writhing fish that’s slapped across the sink In vain convey the rustling of the grasses after rain Words fly off anguish stays Snapshot child of sun and shadow Is all l’ve lived this little pool of light Scarcely a burning second to look back A whole immortal legend that I can’t admit. Translated by Susan Wicks Christian Bachelin [Neige exterminatrice : poèmes 1967-2003, éditions Le Temps qu’il fait, 33210 Mazères, 2004. Préface de Valérie Rouzeau*] in Agenda, Anglo/French Issue, Vol. 53, Nos 1-3, Winter 2019/2020, pp. 20-21 ; in Valérie Rouzeau, Éphéméride, éditions La Table Ronde, 2020, pp. 18-19. __________________ * « Remarquablement méconnu du plus grand nombre, Christian Bachelin n’est pas un poète d’aujourd’hui, c’est un poète de toujours, on devrait s’en réjouir beaucoup dès maintenant. » (Valérie Rouzeau : Préface de Neige exterminatrice) |
CHRISTIAN BACHELIN Source ■ Voir aussi ▼ → (sur Terre à ciel) une lecture de Neige exterminatrice par Sophie G. Lucas (+ une bibliographie) → (sur Les Hommes sans Épaules) une notice bio-bibliographique sur Christian Bachelin, par Paul Farellier → (sur L’Alamblog) une notice sur Christian Bachelin |
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