KOALAS
so viel schlaf in nur einem baum,
so viele kugeln aus fell
in all den astgabeln, eine boheme
der trägheit, die sich in den wipfeln hält und hält
und hält mit ein paar klettereisen
als krallen, nie gerühmte erstbesteiger
über den flötenden terrassen
von regenwald, zerzauste stoiker,
verlauste buddhas, zäher als das gift,
das in den blättern wächst, mit ihren watte-
ohren gegen lockungen gefeit
in einem winkelchen von welt: kein water-
loo für sie, kein gang nach canossa.
betrachte, präge sie dir ein, bevor es
zu spät ist – dieses sanfte knauser-
gesicht, die miene eines radrennfahrers
kurz vorm etappensieg, dem grund entrückt,
und doch zum greifen nah ihr abgelebtes
grau –, bevor ein jeder wieder gähnt, sich streckt,
versinkt in einem traum aus eukalyptus.
Jan Wagner, Regentonnenvariationen, Hanser Berlin | Carl Hanser Verlag, München, 2014.
KOALAS
un seul arbre et combien de somnolence,
combien de boules de fourrure
en ses ramures, une romance
d’indolence qui tout là-haut se tient si sûre,
tient bon, au bout de quelques griffes
pour tout crampon, anonymes alpinistes,
premiers en haut des toits où flûte et siffle
la forêt tropicale : hirsutes stoïcistes,
bouddhas à épouiller, plus forts que le poison
qui dans les feuilles court, vois leurs oreilles d’ouate,
remparts aux tentations, dans ce buisson
perdu de l’univers : pour eux, nul wa-
terloo, pas de voyage à canossa,
regarde-les tant qu’il est temps, de peur
d’oublier : retiens ces doux traits cadenassés,
leur rictus de meilleur grimpeur
vers la victoire d’étape, à l’aplomb de la terre,
mais toujours à portée, leur poil gris décati –,
avant que de nouveau chacun bâille, s’étire,
pour retourner à son rêve d’eucalyptus.
Jan Wagner, Les Variations de la citerne, Actes Sud, collection « Lettres allemandes » dirigée par Martina Wachendorf, 2019, pp. 26-27. Poèmes traduits de l’allemand et présentés par Julien Lapeyre de Cabanes et Alexandre Pateau.
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