[TU N’OSES PLUS NOMMER]
Tu n’oses plus nommer
tous ces jours qui titubent
à l’abri d’une saison
enfouis dans ta mémoire,
jours de liesse si éphémères
que l’orage a dispersés,
jours dans lesquels
un clair visage se glissait
et qui n’est plus qu’une ombre dévoyée.
Tu cherches ces marques
presque effacées
témoignant d’une vie
que jamais le vertige ne quitta
et dont tu fus sans doute
l’hôte provisoire.
Tu t’éloignes de toi,
de ton nom, de ton nombre.
Tu veux rejoindre le feu
qui jadis incendia
les vignes et les blés.
Tu voudrais que l’enfance
soit un miroir
réfléchissant le monde.
Tu t’es trompé de route
et c’est vers le désert
pourvoyeur de mirages
que tout s’accomplit
quoique l’on dise.
Max Alhau, « Des paysages et des lieux », Les Mots en blanc, L’Herbe qui tremble, 2020, pp. 69-70. Photographies d’Elena Peinado Nevado.
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